| | | par Hugo Catherine le 03/02/2014
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| Avec "Chutes", Mathias Delplanque rassemble a posteriori des séquences de performances live enregistrées entre 2010 et 2012. L’idée est bien ancrée dans notre époque sonore puisqu’elle voit l’artiste se recycler lui-même. Qui dit recyclage, dit superposition des temps, mais aussi détournement : des chutes de morceaux se muent en créations originales, des bribes de pistes deviennent des thèmes musicaux. Ici, la notion d’emprunt s’effacerait même puisque le musicien se fait simplement l’écho de lui-même ; cet écho donne naissance à un processus créatif original. Se joue alors un renversement de l’ordre créatif, le live devançant dorénavant le studio.
Le concept n’est pas dénué d’intérêt mais qu’en est-il du résultat ? L’auto-récupération sonore de Mathias Delplanque est à double face, tout à la fois pertinente et anodine. Côté pile, "Chutes" impressionne par son homogénéité, les mêmes matières et procédés auditifs jalonnent les différentes pistes : des clochettes feutrées, des pulsations sourdes, des crissements passagers, quelques fracas électrisant, des jeux de roulis, et aussi de nombreux sautillements micro-métalliques. Côté face, l’album évolue assez peu au fil de notre écoute et nous pouvons avoir l’impression, malgré ses crépitements incessants, qu’il ne s’y passe pas tant de choses. Ainsi "Chutes" est comme empêtré dans l’idée qui l’a fait naître : le recyclage de Mathias Delplanque sonne autant comme un délicieux recueil ambient que comme une redite inutile.
"Chutes", une fois bien tombé sur son auditeur, laisse la trace d’un rêve : il nous reste une sensation bien prégnante, parfois même une image nette ou un son clair ; mais, au réveil, nos souvenirs s’effacent vite car l’intensité en demi-teinte de l’album n’exerce pas toujours une force constante et durable sur notre imagination.
MATHIAS DELPLANQUE Fell (Audio seul)
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