A chance to cut is a chance to cure

Matmos

par Martin Dekeyser le 22/06/2001

Note: 8.0    

Duo originaire de San Francisco et composé de Martin C. Schmidt et Drew Daniel, Matmos investit la scène musicale en 1997. Leur premier album sort plus ou moins incognito (il est tout de même remarqué par le magazine anglais "The wire"). A l'époque, ils composent également des bandes originales de films porno hardcore ainsi que de la musique pour flippers. Il faut attendre la sortie de leur deuxième en 1998, "Quasi-objects", pour que Björk les remarque et leur demande de remixer l'un de ses titres, "Alarm call". "A chance to cut is a chance to cure" est leur quatrième album. Dans sa démarche, il fait clairement référence à la musique concrète. Celle-ci doit son nom à l'utilisation, grâce à des techniques d'enregistrement particulières, de sons concrets, issus de notre environnement direct. Apparue dans les années 20, cette nouvelle approche de la musique fut théorisée par Pierre Schaeffer dès la fin des années 40. Matmos s'en inspire très librement en utilisant ici des sons issus de l'environnement chirurgical mêlés à une rythmique flirtant avec le breakbeat et la techno. "Lipostudio" fait référence à la liposuccion, "L.A.S.I.K." à la chirurgie oculaire, tandis que "Memento mori" a été entièrement joué à l'aide d'os et de tissus humains. Certaines plages comportent également des sons instrumentaux (flûte, clarinette, ukulele). Le morceau le plus touchant est sans contexte "For Felix (and all the rats)", hommage à leur rat mort composé uniquement de sons provenant de sa cage, d'une charge émotionnelle néanmoins impressionnante. Au final, une oeuvre ouverte sur l'extérieur et pragmatique. L'emploi de sons concrets alliant, de ce fait, théorie et pratique dans les faits. Cette vision s'oppose à celle intellectualisée de la musique électronique minimaliste qui permet moins facilement une écoute au premier degré. Björk ne s'y est pas trompée et les a engagés à nouveau pour son prochain album "Vespertine".