Failing songs

Matt Elliott

par Emmanuel Durocher le 26/12/2006

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Chains
Desamparado
Gone


Matt Elliott fait partie de ces artistes discrets qui parcourent le paysage musical avec une évolution étonnante ; connu également sous le pseudo de Third Eye Foundation, il a fait les beaux jours de la scène électronique dans la seconde moitié des années 90 en ajoutant une dose d'éclectisme dans la drum'n'bass. Depuis, il a quitté Bristol et s'est découvert des ascendances slaves mais s'installe dans le sud de la France, les ordinateurs semblent être dans un placard pour en ressortir de moins en moins souvent au profit d'une guitare à l'aide de laquelle le (dorénavant) chanteur peut se mettre à nu, il publie "The mess we made" en 2003 puis deux ans plus tard "Drinking songs" auquel ce nouvel album fait suite.

Ces "Failing songs" donnent un sentiment de lendemain de cuite sévère avec un arrière goût de vodka qui traîne au fond de la mélancolie, on les écoute avec la fatalité de l'âme russe qui mélange résignation et consentement ; on peut apprécier l'ascèse acoustique et le vague à l'âme propre au personnage à travers la lumière crue, la voix embrumée, les sonorités slaves, les violons grinçants, les guitares hispanisantes et les rythmes tziganes ou helléniques. Il n'y a pas de pointe de vitesse excessive, ce serait même plutôt un voyage en carriole sur les chemins rocailleux d'une Europe à la fois familière et étrangère et l'ambiance, sans être passéiste ni progressiste, apparaît parfois intemporelle à l'écoute de "Desamparado" qui sonne comme un chant de lutte des brigades internationales ou même anachronique avec "Chains" qui se présente comme une variation morriconienne d'un improbable western soviétique.

Le titre "Failing songs" laisse entendre que les chansons de l'album ne sont que des chutes voire qu'elles ont échoué, il est vrai qu'elles ne se dévoilent pas au premier abord ni ne se donnent pas au premier venu, elles demandent patience voire une dose d'abnégation afin de délivrer leur charme mélancolique pour finalement échouer quelque part chez l'auditeur, dans son âme, son cœur, son inconscient… c'est peut-être aussi cela que signifie le titre ?