Derrière des blazes que l’on croirait tirés d’un épisode de Dallas (Maxwell Farrington, magnat du pétrole) et d’un cauchemar de François de Rugy, se cachent un Australien qui vit à Saint-Brieuc et l’Avignonnais Christophe Vaillant. Les deux concoctent une bouillabaisse savoureuse et veloutée dont le secret est bien enfoui dans les disques de Burt Bacharach, Lee Hazlewood ou Scott Walker : de la pop orchestrale (bravo aux arrangements de Vaillant), flirtant avec l’easy listening, chantée par Maxwell d'une voix de baryton. D’autres s’y sont essayé (par exemple Richard Hawley sur "Truelove’s gutter" en 2009) mais à cette altitude (ou profondeur) l’oxygène se fait rare et la sélection est impitoyable. Vaillant & Farrington voient les choses en grand, et font revivre avec beaucoup de fraîcheur les disques de Glen Campbell (les quasi citations de "Wichita lineman" sur "North pole" ou "Happening again"), ou du sus-cité Hazlewood avec Nancy Sinatra ("Big Ben" en duo avec Evelyn Ida Morris). Il y a dans la voix de Farrington quelque chose de pas tout à fait ajusté qui éloigne "Once" du pastiche parfait et nous le rend plus proche, transcendé de bout en bout par un amour immodéré des grands disques et des grands espaces. Même si vous détestez les huîtres, le champagne et le caviar, vous saurez garder une petite place pour la costarmoricana du SuperHomard.
MAXWELL FARRINGTON & LE SUPERHOMARD We, us the pharaos (Clip 2021)