One world underground, where are you now ?

Metric

par Emmanuel Durocher le 18/11/2005

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Hustle rose
Wet blanket
Combat baby


Ceux qui ont vu "Clean" le dernier film d’Olivier Assayas n’ont sûrement pas oublié la prestation froide et musclée du quatuor américano-canadien Metric.

Derrière cet album au nom à rallonge (publié en France avec deux ans de retard), on découvre un vrai groupe (Emily Haines voix et synthé, James Shaw guitare, Josh Winstead basse, Joules Scott-Key batterie) qui ne voyage pas que sur la pellicule (concerts à Toronto, Los Angeles, Londres, Montréal, Brooklyn...), qui possède un vrai sens des mélodies, à partir d’accords simples, d’un assemblage habile des instruments, des influences très orientées années 80 digérées et assimilées et la voix de caméléon d’Emily Haines qui vient se greffer idéalement sur chaque titre.

Certains morceaux sont assez calmes portés par la voix de la chanteuse très inspirée qui rappelle parfois le timbre inquiet mais sensuel de Lisa Germano ou même celui insouciant d’Emilie Simon ; "Love is a place", "Calculation theme" mais peut-être "Hustle rose" en est le meilleur exemple : le chant épouse le synthé puis s’emballe légèrement sur une sorte de house froide venue de l’arctique. Même schéma sur "On a slow night" et finalement on se dit qu’avec une voix douce, une guitare et un synthé il est possible de faire de très bonnes choses, ce qui doit donner à réfléchir aux petits rigolos Guy-Manuel et Thomas des Daft Punk.

Les autres titres tendent vers des sonorités beaucoup plus rock, parfois même un joyeux foutoir dans le bon sens du terme dont Pavement en particulier avait le secret ; la voix de la douce Emily se transforme et se promène dans le spectre sonore comme si elle voulait jouer à elle toute seule la panoplie vocale des B-52’s. La musique reste simple, ça rappelle beaucoup de choses connues mais c’est bien fait : une ligne de basse excellente et la guitare digne des meilleurs Pixies sur "Combat baby", le synthé d’OMD et la basse de "Blue monday" de New Order sur "Succexy", la new-wave de Cure sur "Dead disco"… les combinaisons sont multiples et j’en oublie.

Le groupe se plaint de la musique actuelle, du rock mainstream, du manque de renouvellement… Soyons clairs, les quatre révolutionnaires ne bouleversent en rien la pop mais lui donnent d’agréables frissons ; peut-être qu’en persévérant, Metric pourra créer un nouveau système ?