Prodigal son

Michael Powers

par Francois Branchon le 05/03/2007

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Prodigal son


Michael Murchison, alias Michael Powers, de Bayonne (celui du New Jersey, pas le pays du "ruby") est un des multi-nominés des prochains Blues Awards américains (meilleur groupe, meilleur album, meilleure chanson), autant dire une pointure, au pays de la culture blues.

"Prodigal son", l'album en question, produit par le minuscule label Baryon, vient de se faufiler sur le marché français, il mérite l'attention, principalement des amateurs de guitare. Instrumentiste doué et chanteur convaincant, Michael Powers propose une suite de morceaux d'atmosphères très diverses. En ouverture, le puissant "Goin' down" pourrait presque être qualifié de paradoxal, tant la voix (Powers est noir) rappelle celle - âpre - du blanc Graham Parker. L'intimiste "It's a bloody life" inaugure l'alternance des morceaux rapides/lents, caractéristique du disque. Entre ces deux repères, deux perles : "Prodigal son", tempo médium, guitares électrique sous échos, voix en altitude, voodoo (de loin), il rappelle pêle-mêle Sting, le Taj Mahal dernière période, Otis Taylor... "Compassion" ensuite, Powers au dobro, sous influence boogie, à la manière d'un Stefan Grossmann, pur et délicat.

A la fin des 60's, le jeune Powers avait monté son groupe de lycée les Adlibs, remanié plus tard à New York en Moonbeam, que les petits succès amenèrent tous deux à ouvrir sur scène pour des groupes très divers (Richie Havens, Everly Brothers, Kool & the Gang, Boxtops... pour les premiers, James Brown, Bo Diddley, Ronettes... pour les seconds). Sont-ce ces promiscuités parfois "pop" qui influencèrent son style ("Wild life" aux riffs Creamiens) et lui donnèrent le goût de reprises parfois inattendues pour un répertoire blues ? Car si les covers de Sonny Boy Williamson ("It's a bloody life"), Jimmy Reed ("Oh John") ou Blind Gary Davis ("You got to go down", un cran en-dessous de ce qu'en aurait fait un Hot Tuna) sont bien déroulées, certaines sont plus délicates, "Every grain of sand" de Dylan, à nouveau à "voix blanche" (forts accents Springsteeniens) ou plus bizarre, "Signed DC" de Love, lourdement enrobée et chargée de pathos (façon Hallyday face à "Hey Joe"), à l'opposé de la sobriété exactement juste d'Arthur Lee. Dommage.