Hollywood hex

Michael Wookey

par Jérôme Florio le 03/06/2018

Note: 7.5    

Michael Wookey fait partie d'une caste assez rare d'auteurs-compositeurs raffinés et nomades. Francophile, installé à Paris, il collabore à des projets dont la versatilité atteste de son talent de musicien : premières performances scéniques avec un orchestre de pianos-jouets (qu'il fabrique en partie lui-même), relectures de chansons de Georges Brassens avec la contrebassiste Pauline Dupuy (Contrebrassens 2016), composition de musiques de films et un premier disque "Submarine dreams" en 2013. Toujours bien mis, Wookey semble aussi éloigné de la vulgarité que d'autres de l'intelligence.  

En dehors des modes - un peu blues, un peu cabaret, un peu sépia "("Living by the sea", "Red hot dollas") - on devine des chansons mûries au piano puis arrangées avec un grand soin. Une subtilité que l'on pourrait rapprocher de Ed Harcourt, ou de Eric Matthews, sans pour autant aller jusqu'au classicisme absolu. Michael équilibre électronique, cordes et instruments acoustiques pour un disque en forme de portrait sensible, à peine émaillé d'une dose d'autodérision et d'ironie so british. C'est quand il abandonne cette forme de mise à distance qu'on le retrouve au cœur de son art, avec la belle et concise "Hollywood hex" ou la fanfare triste "Pistol whipped". Michael semble affectionner les ambiances entre chien et loup (la faussement vulgaire "Motherfucker") et prend un grand plaisir à confectionner ses arrangements, par exemple sur l'ouverture de "Sailor", éveil et bruissements de cordes frottées et d'instruments à vent qui se font déloger par une rythmique appuyée, le tout cohabitant ensuite dans un lyrisme de générique de film à la James Bond. La qualité des orchestrations renforce presque paradoxalement l'intimisme qui se dégage de ce "Hollywood hex" à la tenue impeccable.



MICHAEL WOOKEY Do right fear no man (Live 2018)