Michael Wookey fait
partie d'une caste assez rare d'auteurs-compositeurs raffinés et
nomades. Francophile, installé à Paris, il collabore à des projets
dont la versatilité atteste de son talent de musicien : premières
performances scéniques avec un orchestre de pianos-jouets (qu'il
fabrique en partie lui-même), relectures de chansons de Georges
Brassens avec la contrebassiste Pauline Dupuy (Contrebrassens 2016), composition de
musiques de films et un premier disque "Submarine dreams"
en 2013. Toujours bien mis, Wookey semble aussi éloigné de la
vulgarité que d'autres de l'intelligence.
En
dehors des modes - un peu blues, un peu cabaret, un peu sépia
"("Living by the sea", "Red hot dollas") -
on devine des chansons mûries au piano puis arrangées avec un grand
soin. Une subtilité que l'on pourrait rapprocher de Ed Harcourt, ou
de Eric Matthews, sans pour autant aller jusqu'au classicisme absolu.
Michael équilibre électronique, cordes et instruments acoustiques
pour un disque en forme de portrait sensible, à peine émaillé
d'une dose d'autodérision et d'ironie so british. C'est quand
il abandonne cette forme de mise à distance qu'on le retrouve au
cœur de son art, avec la belle et concise "Hollywood hex"
ou la fanfare triste "Pistol whipped". Michael semble
affectionner les ambiances entre chien et loup (la faussement
vulgaire "Motherfucker") et prend un grand plaisir à
confectionner ses arrangements, par exemple sur l'ouverture de
"Sailor", éveil et bruissements de cordes frottées et
d'instruments à vent qui se font déloger par une rythmique appuyée,
le tout cohabitant ensuite dans un lyrisme de générique de film à
la James Bond. La qualité des orchestrations renforce presque
paradoxalement l'intimisme qui se dégage de ce "Hollywood hex"
à la tenue impeccable.