| | | par Sophie Chambon le 15/03/2005
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| En dépit du mystérieux nom de groupe Mikajtopjam, "Dédales" ne nous perd pas dans un labyrinthe hostile et indéchiffrable. La réunion de sept imaginaires entraîne la découverte de paysages sonores insolites et passionnants. Ce groupe émergent (ex Creative Lab) doit absolument être entendu : ces quatre musiciens sudistes ou qui ont choisi de vivre dans le Sud, ne font pas pour autant une musique régionale. Conversations et rencontres ont laissé libre court à l'improvisation, à d'émouvantes fragilités enregistrées en un clin de temps. L'aventure du disque, après trois jours d'enregistrement, prolonge ce désir, éternise des instants précieux de complicité et d'amitié : "L'improvisation aiguisée et conduite par une amoureuse sincérité d'un Mikaptojam plein de virages et de visages qui fleurissent sous le soleil de l'urgence" a écrit le pianiste ami et invité François Rossé. Car on en revient toujours là, à une histoire d'amitiés, d'affinités, de fidélité.
Explorons à présent ce jeu sur les textures et transparences qui, tout en revendiquant des racines lyriques, un héritage rock et free jazz, offre élans, éclats, folies et une identité irrésistible, de liberté et sincérité mêlées. Il y a d'abord ce désir d'équilibre, finesse et sens de la mesure, contrôle constant de l'énergie, grande précision dans la répartition spatiale des instruments, pour modifier l'angle de la perception ; puis cette volonté de coupler textures acoustiques et électroniques, à partir de synthétiseurs lunaires et de machines bruitistes déglinguées, de ménager une progression dramatique dont on suit les effets hypnotisants. Au final, une réunion de musiques diverses et néanmoins cohérentes dans leur proximité, une étonnante messe fervente. On plonge dans ce projet intense, spatial et spécial. Des saxophones et flûtes stridents et planants en même temps, des guitares saturées, une batterie hallucinée qui impulse un rythme tournoyant, des temps plus doux comme ce "Silent walk" ou "Duet" au piano acoustique, encore qu'avec Marc Guillermont polyinstrumentiste doué, il soit plus juste d'évoquer une violence sourde, une anxieuse vitalité. Ecoutez encore la voix de Carole Dréant sur "Us", elle arrive en écho réverbérée par les synthés en nappes, alors que le saxophone chante sa plainte
Atmosphère étrange, poétique, onirique jusqu'aux photos de pochette, qui renvoie à l'univers de David Lynch. Un album qui s'écoute avec attention, qui prend ses marques dans l'imaginaire, retenant immédiatement l'attention. Une oeuvre collective qui accueille aussi Barre Philips et François Rossé, formidables d'intensité sur "Particular particles", "Dédales", et "More than friends"
Un monde foisonnant et discret se laisse entendre ici, il faut en saisir les fils, se laisser guider, la musique fait le reste. |
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