Production

Mirwais

par Christian Tranchier le 24/11/2000

Note: 5.0    
Morceaux qui Tuent
Paradise (not for me)


Pour les 15-20 ans, Mirwais est un parfait inconnu, un français sorti de nulle part si ce n'est de la pochette surprise de Madonna, qui lui a en partie confié la production (honneur à double tranchant) de "Music", son dernier album. Drôle de paradoxe, que la star controversée, médiatique et commerciale ait déniché ce petit frenchie oublié de tous dans sa propre contrée et parfaitement inconnu ailleurs. Mais parlons plutôt de résurrection, car Mirwais n'est pas un inconnu. Il fut le guitariste co-fondateur (avec Daniel Darc et Pierre Wolfsohn) de Taxi Girl, groupe phare de la scène française circa 1980, à la carrière aussi fabuleusement lancée (par le hit "Cherchez le garçon") que très vite fracassée (par les substances en tous genres et la mégalomanie de leur producteur-escroc Alexis). "Production" est de la même veine que les compositions écrites pour "Music" de Madonna, simplicité désarmante, linéarité claire et directe, production minimaliste malgré une multiplication des effets, "Naïve song", où guitare sèche côtoie synthétique avec paroles "Peace and Love" d'une bêtise obligatoirement volontaire conférant au niais. Une "touche Mirwais" alors, qui rejoindrait la majorité de trous du cul qui peuplent la "french touch" ? L'album ne tient pas toutes ses promesses : le son est certes futuriste mais en rien visionnaire ni innovateur. Il ressemble la plupart du temps méchamment à l'inégalable "Homework" de Daft Punk, l'esprit, les beats, le vocoder, utilisé par Mirwais comme un tic, "I can't wait", "Junkie's prayer", ou aux Chemical Brothers, le très drum'n'bass "Definitive beat". Mirwais ressort aplati par ces lourdes et respectables références, vierge d'originalité. Pire, on a une impression de déjà entendu (en mieux). Du Coca Cola éventé, mais qui garde encore quelques bulles en réserve, avec l'incroyable "Paradise (not for me)", morceau de bravoure où une Madonna usée dépose une voix lancinante de diva drag-queen fatiguée par la vie et ses excès, rongée par ses souvenirs. Idyllique hybridation de Craig Armstrong et de Bjork, "Paradise (not for me)" est la perle cachée qui sauve une pêche bien peu miraculeuse.