The first album

Miss Kittin & the Hacker

par Martin Dekeyser le 09/01/2002

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Frank Sinatra
Life on MTV
1982


Le revival 80's fait encore des siennes, mais pour une fois loin de la tendance kitsch, cette nostalgie beauf qui n'a retenu du panorama new wave que les groupes 'happy' et 'smily'. La charmante Miss Kittin et le ténébreux The Hacker lorgnent eux vers Kraftwerk, D.A.F. (la Deutsche Amerikanische Freundschaft de Robert Görl et Gabi Delgado) ou Cabaret Voltaire, l'héritage cold wave mis rapidement sur la bande d'urgence par une société qui préconisait l'hédonisme humaniste à la lucidité froide et minimaliste. Qui se rappelle Métal Urbain, Artefact ou les premiers Taxi Girl ? Alors fans de Zoot Woman, Ladytron & consorts passez donc votre chemin ! Caroline Herve (Miss Kittin) découvre la techno au début des années quatre-vingt dix dans le milieu 'ravers', intéressée par la tendance dure et froide, aux sonorités acid et aux beats rapides. Armée d'un pseudo on ne peut plus clair, variation sur 'kitty' (petit chat), 'kitten' (pin up des 50's) et 'kick in' (utile de traduire ?), elle s'expatrie en Suisse où elle se fait connaître comme Dj. C'est en 1997 que sort un maxi avec The Hacker (Michel Amato) sur le label International Deejay Gigolo de Dj Hell ("Champagne Ep"). Depuis, elle a notamment travaillé avec Felix Da Housecat, grand producteur house revenu depuis peu sur le devant de la scène. Michel Amato (The Hacker) débute lui en 1993 en tant que Dj à Grenoble. Il passe du hardcore à la techno, conservant néanmoins une approche sombre et minimaliste dans ses sélections (le beat s'est simplement ralenti). Il crée en 1998 le label Goodlife avec deux comparses puis signe en 2000 un album solo "Mélodies en sous-sol". Après plusieurs maxis, dont le très remarqué "Frank Sinatra", voici le premier album-aboutissement réussi d'une collaboration extrêmement fertile. Sur fond d'électro-dark et de références à Kraftwerk, la cold wave voire même l'EBM (electro-body music) composés par The Hacker, Miss Kittin signe des textes à l'humour caustique déclamés d'une voix monocorde presque machinique : "Every night with my star friends/we eat caviar and drink champagne/sniffing in the v.i.p. area (...) to be famous is so nice/suck my dick/kiss my ass/in limousines we have sex/every night with my famous friends"... On est bien loin du 'star académisme vivendien' !!! Au-delà de l'aspect cynique et nostalgique de l'album, on saluera le lifting technoïde de l'électro 80's et l'entrée dans la culture de masse d'un courant 'cold' qui, apparu vingt ans plus tôt, n'avait pas réussi à y trouver sa place. A noter la pochette : Miss Kittin en infirmière couchée sous la domination d'un Hacker qui pointe son flingue dans sa direction... ou comment faire entrer insidieusement le fétichisme dans les moeurs de nos concitoyens. Quel cynisme !