Sockin' it to you

Mitch Ryder & the Detroit Wheels

par Francois Branchon le 18/02/2020

Note: 9.0    
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Detroit, Michigan, capitale américaine de la soul, siège du label Motown depuis 1959, et à ce titre épicentre du Sound of young America. pendant la décennie des 60's. Motown - diminutif de Motor town - car Detroit est surtout alors Motor City la capitale américaine de la bagnole, tous les constructeurs y ont leurs usines. Un taylorisme à grande échelle et un immense prolétariat qui ne pouvait que susciter vers la fin des 60's que rock politique et radical. Les Stooges et MC5 ("Motor city burning") en tête, n'allaient pas tarder, dès 67, à hurler leur rage.Comme partout aux Usa vers 65/66, Detroit attire une mouvance de jeunes groupes balancés entre rock (version "and roll") et soul, un mouvement qui eut moins de retentissement mais produisit une musique pleine de tripes. Parmi eux, Mitch Ryder et ses Detroit Wheels peuvent être considérés comme les initiateurs du rhythm and blues blanc, (avec les Animals et les Them en Angleterre), style qui enfanta plus tard les Bob Seger et autre J. Geils Band, voire même un Bruce Springsteen, qui a toujours cité Mitch Ryder parmi ses influences.

Un juste honneur donc que cette anthologie signée RPM, en trois Cd couvrant ses premières années.
Mitch Ryder a une des plus belles voix soul blanches, rivalisant sans peine avec nombre de chanteurs noirs, frôlant même un Wilson Pickett. Biberonné à la soul Motown dès l'adolescence, assidu de tous leurs concerts, comme au rock'n'roll de  Little Richard, Ryder n'est cependant qu'un interprète, raison peut-être d'une moindre notoriété. A l'exception en effet de "Joy" et “Devil with a blue dress on”, ses seules compositions, son répertoire est celui d'un interprète des grands morceaux de l'époque : "Sticks and stones" (Ike Turner), "Bring it on home to me" (Sam Cooke), "Walking the dog" 'Rufus Thomas),"Devil with a blue dress on" (Shorty Long), "In the midnight hour" (Pickett et Steve Cropper), "Shakin' with Linda" (Isley Bros), "Good golly miss Molly" (Little Richard) et une kyrielle d'autres, aussi pêchus les uns que les autres, même les plus blues d'entre eux, "Turn on your lovelight" (popularisé au même moment sur la Côte Ouest par le Grateful Dead).
Des problèmes récurrents de dope ont nui à l'internationalisation logique d'une carrière à gros succès en Amérique. Dans ses moments de déprime, Mitch Ryder s'est même laissé aller à des reprises qu'on peut qualifier de déplacées, "What now my love" et "Let it be me" ("Et maintenant" et "Je t'appartiens" de Gilbert Becaud) ou "You are my sunshine" (tous présents sur cette anthologie). Mais il reste une sacrée voix, inaltérable, au service de chansons représentant tout un pan de l'histoire américaine. Un putain de bol d'air !

NB : Mitch Ryder a donné signe de vie en 2019 en publiant "Detroit breakout". Entouré d'anciens Stooges (James Williamson), MC5 (Wayne Kramer), New York Dolls (Sylvain Sylvain), Runaways (Cherie Currie) et Pink Fairies (Paul Rudolph) il revitalise quelques reprises... garage 60's ("Dirty water" !), bouclant la boucle.



MITCH RYDER & THE DETROIT WHEELS C.C.Rider (Shindig Tv Usa 1966)


MITCH RYDER & THE DETROIT WHEELS Devil with a blue dress on (Audio seul 1967)