Wait for me

Moby

par Emmanuel Durocher le 18/07/2009

Note: 3.5    

Il y a dix ans, Moby sortait "Play", un album cinétique et flamboyant où apparaissaient "Natural blues", "Porcelain" ou "Why does my heart feel so sad?", morceaux avec des arrangements pensés comme des fresques de l'Amérique dans sa totalité. Depuis, le petite anguille techno frétillant de rave en rave est devenue la grosse baleine blanche des charts qui s'échoue dans les festivals d'été.

Comme les frères Young avec leurs guitares, Peter Hook et sa basse, John Bonham et sa batterie ou Morrissey et sa voix, Moby a inventé un son reconnaissable entre tous. Sa marque de fabrique est imprimée dans les nappes synthétiques déclinées sur un mode folk, blues, gospel, disco, pop... Le New-yorkais s'occupe de son fond de commerce de la nappe synthétique beaucoup plus en gestionnaire qu'en artiste sans grande prise de risque avec une désagréable sensation de copier/coller donnant l'impression que l'on se fout un peu de la gueule de l'auditeur.

"Wait for me" est donc une énième resucée du concept usé d'un artiste fatigué confirmant pour la troisième fois son incapacité à donner un successeur digne de ce nom à "Play" et "18". Cette tentative de retour aux sources s'égare dans des morceaux minimalistes et inachevés déjà entendus des dizaines de fois dans le répertoire de l'Américain et les compositions se perdent dans des volutes ouatées se diffusant sans but accompagnées parfois par des voix féminines à la limite du cliché jazz-soul. On se rapproche dangereusement des ambiances de chez Natures et découvertes avec une tendance dépressive...

De ce fiasco, on pourra quand même sauver "Mistake" où le chanteur ose reprendre le micro, "Shot in the back of the head" clippé par David Lynch - pour cet album, le musicien s'est dit inspiré d'un discours du cinéaste dont il a utilisé un sample de la Bo de Twin Peaks sur son tube "Go" en 1991 - ou encore "A seated night", toujours dans une veine lynchienne lui donnant des airs de ressemblance avec les titres d'Angelo Badalamenti, compositeur attitré du réalisateur.

Pour retrouver foi en la musique, Moby ferait bien de jeter une oreille de l'autre côté des océans où des groupes comme Midnight Juggernauts en Australie et M83 en France ont su faire évoluer ce genre de musique. Allons-nous vers une mondialisation de la nappe synthétique ?...



MOBY Shot in the back of the head (Clip 2009 réalisé par David Lynch)