Raus aus Stavanger

Moha

par Hugo Catherine le 25/03/2006

Note: 7.0    

Nous ne reprocherons pas à MoHa! de ne pas faire honneur à la logique du duo. Les deux musiciens excellent pas mal dans l'enchaînement des plans guitare-batterie. Tant par leurs riffs entraînants aux emprunts rock évidents que par leurs morceaux dégoulinants de post-métal brinquebalant, ils font preuve d'une mise en place rythmique impeccable, donc très appréciable. Dès le deuxième morceau, "B1", nous envisageons de nous plonger dans une écoute énergique de deux musiciens carrés et barrés.

Sur la longueur, l'album tient ses promesses, en partie. Notamment lorsqu'un rock rêche prend visiblement le dessus, MoHa! fait montre de l'étendue de sa fièvre rageuse. L'agressivité parfois marquée est alors servie par des boulimies de toms et du shred bruyant. Les morceaux semblent alors être sans commencement, sans fin, tels de longues poursuites incessantes entre les deux hommes. La démonstration technique est ici plutôt agréable.

Pourtant, rapidement, MoHa! privilégie une accentuation musicale plus expérimentale, mêlant bruitisme régulier et saturations passagères. La jeunesse du groupe, si prompte à choisir une voie enragée, s'apparente parfois un peu à une recherche d'une modernité affichée. Certains grincements de portes et certaines brouillonneries sont éventuellement à classer au rang des interludes électro-bizarres de bon aloi, propres à certains disques croyant fuir les sentiers battus. A titre d'exemple, les 3 minutes et 44 secondes du sixième morceau, "B2", sont un peu anecdotiques. Certains pourront objecter que l'expérimentation agit comme un laboratoire des créations du groupe. Peut-être, mais il n'en demeure pas moins que la multiplication des effets en tous genres et des univers distendus n'est pas ici forcément synonyme d'originalité musicale.

Sans jamais remettre en cause le niveau technique des deux musiciens, notre écoute pousse à penser qu'ils sont plus à leur avantage dans leurs inspirations rock à l'énergie que dans leurs virées bruitistes. Ainsi la guitare gourmande et la batterie déliée se livrent une bataille paradoxalement d'autant plus belle qu'elle se fait parfois un peu rangée. En effet, quand galimatias sonores il y a, MoHa! frôle la déstructuration facile.