| | | par Filipe Francisco Carreira le 11/01/2003
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| Hier il pleuvait. Les voitures se ressemblaient d'autant plus qu'un seul essuie-glace fonctionnait. La semaine avait été interminable et il était tentant de vouloir tout oublier. "Music typewriter" de Moreno +2 agissait heureusement comme un baume ressuscitant - "a new style of baume-ing" - à la fois apaisant et revitalisant. Moreno +2 n'a cependant pas que des vertus thérapeutiques : ses trois membres, Alexandre Kassin, Domenico Lancelloti et Moreno Veloso ont grandi dans des familles de musiciens et jouent d'au moins un instrument depuis leur plus jeune âge, normal pour le dernier, fils de l'illustre Caetano Veloso. Chacun dispose d'une solide culture samba / bossa nova - ce n'est pas franchement une surprise - associée à une curiosité électro et un goût pour le bricolage à la Beck - ça l'est davantage. "Music typewriter" réunit des titres composés par Moreno Veloso, des reprises de standards - le charmant "Deusa do amor" - ainsi que des adaptations de thèmes cinématographiques : le délicieux "I'm wishing", emprunté à la bande originale de... "Blanche-Neige et les sept nains" ! Si le disque commence et se termine dans la plus lumineuse sérénité, il n'est cependant pas avare en moments fiévreux et festifs ("O livro e o beijo") ou tout simplement diaboliques : "Assim" s'appuie sur une ligne de basse d'une redoutable efficacité et son rythme lancinant et provocateur a de quoi vaincre les résistances les plus acharnées. L'association de deux guitares, une électrique au son mat et définitivement rock, une autre si typiquement brésilienne, virevoltante et fébrile, fonctionne à merveille et hypnotise l'auditeur, condamné à se trémousser en jouant de la guitare imaginaire - le fameux "air guitar" ! Si "Rio longe" n'est pas aussi entraînant, son élégante gravité et ses paroles pleines de justesse et de sensibilité vont droit au cœur : "Ja pode preparar as suas lagrimas que as minhas ninguem vê" (Vous pouvez préparer vos larmes parce que personne ne voit les miennes). Moreno +2 se montre parfois drôle et ironique ("Eu sou melhor que você"), parfois pudique ("Arrivederci") et, le plus souvent, inventif, parcourant insolemment un spectre musical où la tradition brésilienne se frotte à l'électronique, où le rock se mêle au funk, sans arrogance démonstrative mais avec la plus grande humanité. Ce qui fait de "Music typewriter" un bon ami. De ceux sur lesquels on peut compter.
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