Groupe apparemment assez connu aux Pays-Bas, "Ornaments" est le troisième disque bien fichu de Moss : un son riche, des mélodies immédiates qui font oublier - petit tour de force - des arrangements pas si ordinaires, parfois plus proche de "soundscapes" que de classiques accompagnements pop-rock.
Radiohead, The Beta Band, Tortoise, Animal Collective... sont passés par-là, mais on n'est même pas sûrs que les membres de Moss connaissent leurs discographies sur le bout des doigts : l'influence de ces groupes infuse presque inconsciemment les têtes chercheuses de la scène rock depuis plusieurs années. Bien que la musique des hollandais soit plus affirmée que celle de leurs compatriotes Alamo Race Track (avec souvent des armes similaires), elle reste floue, hors radar, à la limite de l'impersonnel.
La petite transe un peu acide de "I am human" est une introduction très maligne, dont l'approche sera approfondie sur l'ensemble des chansons : quelques gimmicks électro et des choeurs se tirent la bourre et posent le son profond, mi-dansant mi-cérébral, de "Ornaments". Moss dispose à intervalles réguliers des titres aux riffs plus nerveux : "Spellbound", "What you want" sont très accrocheuses avec une science de la dynamique qui ne laisse rien au hasard. C'est le paradoxe majeur de Moss : des structures aventureuses où aucun accident n'est possible.
Sur chaque chanson on retrouve la tension initiale, des basses profondes qui prennent au corps ("Tiny love", "Almost a year"), lequel semble sans cesse contrarié par le cerveau. "Give love to the ones you love" montre une inspiration assez romantique, mais fait dans la retenue ; sur cette lignée on accroche beaucoup avec la ligne claire impeccable de "The hunter", le dernière et très bonne plage, qui trouve enfin un équilibre quasi parfait.
