The Szabotnik 15 mission

Mum

par Martin Dekeyser le 03/05/2002

Note: 7.0    

A ne pas confondre avec le groupe islandais homonyme, Mum consiste en un duo autrichien signé sur le label Klein Records des Sofa Surfers. Musiciens à l'origine issus de la scène jazz, Stefan Jungmair et Paul Schneider s'inscrivent depuis quelques années dans la mouvance électronique viennoise initiée dès le début des années nonante par le duo Kruder & Dorfmeister. "The Szabotnik 15 Mission" brasse les genres (funk, house, jazz, ...) et les identités culturelles (afro-américaine, européenne, indienne, ...). Vous aurez certainement reconnu là un produit labellisé "multiculturel" et "métissé". Rien de neuf sous le soleil donc, noyés que nous sommes sous l'offre pléthorique de lounge étiquetée electro-arabic ou asian-beat. Quelques nuances néanmoins si vous me le permettez. Tout d'abord, il y a du boulot humain derrière les processeurs informatiques. Les compositions sont animées, le groove efficace tant pour le déhanchement ("The hallways of always") que pour l'écoute de salon. Les deux compères se sont visiblement fort investis, allant jusqu'à découper les phrases vocales de Betty Samper et Louise Vertigo pour mieux les harmoniser aux samples et beats enregistrés ("L'énergie irradiait"). Mais il y a aussi du neuf au niveau de l'intention des artistes. Titre énigmatique pour ce deuxième album, "The Szabotnik 15 mission" est une métaphore pour décrire un but inaccessible. Notre duo autrichien s'inscrit dans une démarche philosophique de recherche d'osmose entre la planète et le genre humain. Le nom du groupe renvoie à l'idée maternelle tandis que le duo s'illustre en surimpression de plantes qui semblent autant les entourer que les pénétrer du dedans. A en croire les références qui figurent sur la pochette, Mum revendique autant l'œuvre d'Akutagawa ("Rashomon") que les théories du cyber-journaliste Douglas Rushkoff. Ce digne héritier de McLuhan est d'un optimisme sans faille quant à notre génération en réseaux et imagine qu'une fois la Terre quadrillée de câbles et de connexions, un esprit collectif se dégagera en tant que conscience planétaire. On comprends un peu le rapport avec la musique mais surtout avec la métaphore qu'exprime le titre de l'œuvre. Projet tenté mais non finalisé, cet album en demi-teinte manque un peu d'idées et de dynamique. A conseiller aux oreilles et aux esprits en mal de nouvelles prophétiques.