| | | par Jérôme Florio le 23/11/2006
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| Avec ce deuxième disque (le premier, "Unlike you", début 2006) Camilla Munck et Moogie Johnson parviennent à la quintessence de leur style : du folk éploré, tellement lent qu'on peut le taxer de "slowcore", économe mais pas aride, et qui mise avant tout sur l'émotion.
Guitare acoustique (pas plus d'une note à la fois), orgue ou piano (pas plus d'un accord à la fois), chant fragile mais juste, tous les petits ustensiles indispensables à la mélancolie sont présents. La voix vacillante et ferme de Camilla habite, plutôt avec succès, une paire d'accords qui se succèdent lentement, comme progressivement recouverts de givre, pris dans la glace. Elle se voudrait l'élément de chaleur, use souvent de demi-tons qui donnent l'impression d'une aspiration de liberté aussitôt frustrée. Encore une fois, un groupe nordique rappelle un équivalent d'outre-atlantique : Munck / Johnson peuvent passer pour des Low danois. "The streets", par exemple, clignote entre "Laser beam" et la Catpower du "Covers record". Mais le mystère de Low est de transformer malgré eux des chansons bien gaulées en prières fragiles : ici cela sent un peu la mise en scène consciente de l'effet qu'elle veut produire – voix pure sur fond lent et caverneux.
Le disque n'est pas ennuyeux : la quiétude environnante n'est pas vide, l'économie de moyens justifiée et pesée avec grand soin. Mais il n'est pas troublant pour autant. "Count your blessings" : la légère impression que Munck et Johnson gèrent tranquillement leur petite entreprise douillettement mélancolique, en comptant les notes de guitare comme des épiciers qui craignent de se tromper en rendant la monnaie.
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