Antichambre

Naast

par Francois Branchon le 25/02/2007

Note: 6.0    

Les Naast ont donc fait chauffer sévère les serveurs de téléchargement de rock sixties. Il est vrai qu'à chaque coin de leurs chansons, le vieil amateur blasé et condescendant repérera ici un plan de batterie, là un riff de guitare familiers des années 65-66. Mais après tout pourquoi pas, l'Histoire du rock est remplie de groupes "suivistes", et seule sur ce point la "distance" (40 ans) pourrait faire débat : nostalgie, régression, créativité absente des gênes...?

Tout autre question est le buzz (et les débats afférents) qui entourent le groupe. Un album plaisant et enlevé ("Sublimation", "Cœur de glace"...) est-il pour autant la révélation annoncée du Messie, l'apparition de Saint Iggy au métro Odéon dont voudrait nous convaincre les deux journalistes-parrains se rêvant en Lester et Bangs de Rock&Folk ? Peut-être devraient-ils se demander si les Naast feront plus d'effet aux Anglo-saxons que Téléphone à son époque (groupe français à succès que le même journal proclamait en son temps quasi égal des Stones)... Serait-ce une spécificité française de compenser son très faible nombre de groupes rock dignes de ce nom par une propension à faire vénérer les premiers qui savent tenir debout, parfois jusqu'à sanctifier des usurpateurs, pourtant simples vociférateurs vulgaires (Hallyday)... ("Johnny qui ?" faisait remarquer une amie anglaise à la lecture d'une interview du Monde où "l'idole" se proclamait "dernier avec Jagger des grands du rock , maintenant que Lennon et Presley étaient morts" ! Johnny qui ?)

Pêchus et joyeux, les Naast n'ont rien de bidon. Mais charger leurs épaules du futur de la nation n'est pas forcément le meilleur service (à moyen terme) à leur rendre. Alors, qu'on leur foute la paix et laisse dérouler leur garage rock bien fichu. Tiens, ils me font penser à Ronnie Bird, du Ronnie boosté, sur-vitaminé. Ronnie : 1965, minet parisien drugstore - oui on peut faire du rock quand on est bourge - un gros cran au-dessus des yéyés parmi lesquels il essayait de surnager, et qui avait tout pigé, son et look, du rock anglais de son époque...