Comme du sable qui frotterait sur du velours, le grain de voix de la Libanaise Nadine Khouri associe une certaine chaleur méditerranéenne à des ambiances tamisées, élégamment mises en relief par le toujours pertinent John Parish (encore une fois aux manettes après un premier disque "The salted air", 2017).
Tout semble se dérouler au ralenti, invitant à rentrer dans un autre état de réceptivité. Khouri détache patiemment ses mots, les instruments ont un son chaud, presque bluesy : de l’orgue, des guitares électriques qui égrainent et laissent résonner chaque accord, imprimant d’autant plus fort leur empreinte sur l’auditeur ("Another life", "The broken light", "Lo-fi moon", "Visitations"). Une imperceptible hausse de tempo, et on basculerait presque dans de la musique d’ambiance ("Song of a caged bird", "Vertigo", "Keep on pushing these walls"), mais Nadine Khouri et John Parish parviennent à conserver une ligne remarquable.
"I woke up in a screen / a pixelated dream / with nothing to choose / and hours to lose" ("Song of a caged bird") : à plusieurs reprises Nadine fait allusion aux flux d'actualités, au vacarme qu’elle subit comme tout le monde. De résonance il est encore question dans "Box of echoes", qui pourrait être du Leonard Cohen (période "I’m your man" / "The future"). "My body a box of echoes / with a broken song" : "Another life" se comporte comme une chambre d’écho, qui nous renvoie le bruit du monde filtré à travers la sensibilité de Nadine Khouri.
