Quelques instruments, une voix, et du silence autour : il n'en faut pas plus à la jeune Anglaise de 23 ans pour habiter sa musique. Native de Manchester, elle s'était retirée dans un vieux cottage Gallois pour enregistrer son premier disque "Battle and victory" (2007). Mais Nancy Elisabeth ne se la joue pas folkeuse éthérée qui se balade dans la lande à la pleine lune : elle a notamment joué de la harpe sur un disque de James Yorkston, tourné en tant que membre de Adem, et collaboré sur un disque de musique électronique avec le Japonais Susumu Yokota.
Si Nancy est comparable à quelques aînées folk, c'est davantage pour sa voix fine et mélodieuse (par exemple Natalie Merchant sur "Bring on the hurricane") que pour sa musique. "Wrought iron" montre un bel équilibre, entre sérénité zen (l'instrumental "Cat bells") comme une Josephine Foster en moins cryptée, et un lyrisme très dépouillé qui peut évoquer Radiohead ("Divining"). La sobriété est partout de mise : cloches, trompettes, accords de guitare, harmonica répondent avec beaucoup de tact à Nancy, et jamais tous ensemble. Pour un peu, on dirait qu'ils lèvent le doigt pour demander la permission de s'exprimer. Nancy Elisabeth avance doucement et sûrement, toute à l'écoute d'un rythme qui lui est propre, parfois chuchoté (la longue "Ruins", au piano) ou bien plus pop ("Feet of courage" est même efficace, avec sa ligne de basse et ses choeurs entêtants).
"Wrough iron" nous fait découvrir une jolie personnalité, comparable à Essie Jain ("The inbetween", 2009), en plus vaporeuse encore. Un disque qui ne pèsera pas plus dans la platine Cd qu'une feuille posée sur l'océan.
