Invisible angel

Neither/Neither World

par Jérôme Florio le 22/06/2006

Note: 6.0    

San Francisco est surnommée "Fog city" par les Américains : en quelques minutes, un brouillard très épais peut recouvrir la baie et la ville. Pas étonnant que le rock brumeux de Neither/Neither World, emmené depuis plus de dix ans par Wendy van Dusen, vienne de là – comme celui Mazzy Star, sorte de mètre étalon du genre auquel on ne peut manquer de les comparer.

Wendy van Dusen est pour beaucoup dans l'ambiance vaguement neurasthénico-gothique qui flotte sur "Invisible angel". Mais ici la langueur, froide, se confond trop avec de la paresse, à la différence des formations de Jennifer Charles (Elysian Fields, la plus sensuelle) et Hope Sandoval (depuis un bon moment, la plus sans suite...). Le mode opératoire des chansons est toujours identique, d'où une impression de monotonie : les même suites d'accords ouverts en acompagnement ("I fall away", c'est "Happy time" de Tim Buckley) sur lesquelles la guitare électrique vient poser des enluminures, et quelques nappes de claviers qui lissent le son. Un engourdissement que seule "Buried and gone" vient contrarier. Le vocabulaire de Neither/Neither World est un peu limité, et se permet des coquetteries faciles : un instrumental dispensable ("Shadow of the wings"), un "Promise" qui tourne court et béguaie pendant six minutes, et pour finir le long silence qui dissimule un titre "caché" à la fin de "I fall away".