New Riders of the Purple Sage

New Riders of the Purple Sage

par Francois Branchon le 30/11/2003

Note: 9.0    

Les New Riders of the Purple Sage furent au Grateful Dead de Jerry Garcia ce que Hot Tuna fut au Jefferson Airplane de Jorma Kaukonen et Jack Casady : des récréations parallèles, country pour l’une, blues pour l’autre, préposées aux ouvertures des concerts de leur vaisseau amiral.

C’est l’album "country" de Grateful Dead "American beauty" paru l’année précédente qui allume la mèche et décide David Nelson et Dave Torbert (guitariste et bassiste invités sur le morceau d’ouverture "Box of rain") de créer New Riders. Groupe country ? j’en vois qui fuient déjà ! Pour les ignorants des nuances, ceux dont l’hémisphère droit est connecté en permanence à la musique d’étudiant à boutons vivant en soupente, non la country n’a pas pour seuls repères les flingues dans le coffre, la viande soûle de Budweiser et les gros nichons de Dolly Parton. Depuis 1968 et le débarquement (très mal accueilli) à Nashville de mecs de l’Ouest (les Byrds), le style s’est offert de nouvelles Tables de la Loi, l’album "Sweetheart of the rodeo". Assaisonné aux herbes en tous genres, New Riders of the Purple Sage est son prolongement planant, continuellement à cheval entre l’acoustique traditionnelle, le Grateful Dead des mélodies élastiques de "Aoxomoxoa" "pedal-steelisé" et les petites incursions électriques acides.

Alors classiquement country oui, avec "Henry", "Glendale train", "Portland woman" ou l'ouverture "I don’t know you", aux rythmes caractéristiques de galop, mais beaucoup moins dès "Whatcha gonna do", transpirant les mélodies élastiques du Dead de "Aoxomoxoa" puis plus du tout sur les huit minutes de "Dirty business", lézardé de guitares rampantes et tordues, atrocement caressantes de saturations douces... ou alors les chevaux comme leurs nouveaux cavaliers avaient eux aussi bouffé de la sauge pourpre !

Ce premier album n’a pas une seule fausse note, pas une faiblesse, les morceaux sont toujours fins, charpentés mais aériens, grâce notamment à la basse chantante de Dave Torbert, chaudement interprétés par un John "Marmaduke" Dawson à la voix mimétique de son vieux pote Jerry Garcia, présent tout au long du disque à la pedal-steel et au dobro. Il accueille aussi la "famille" de San Francisco, John Dawson en deuxième guitare, Spencer Dryden juste partant de l’Airplane à la batterie, Mickey Hart (du Dead) pour quelques percussions et Commander Cody occasionnellement au piano.

De récréation, les NRPS deviendront un groupe à part entière, Garcia partira, d’autres arriveront, Skip Battin des Byrds, le pedal-steel guitariste Buddy Cage, Pattie Santos (chanteuse de It's a Beautiful Day), Mark Naftalin, Nicky Hopkins...
Dix albums seront publiés jusqu'en 1978, dont le quatrième, les aventures du cow-boy Panama Red, les consacrera rois du joint !!

La réédition 2003 rajoute trois titres enregistrés lors du concert de fermeture du Fillmore West de San Francisco le 2 juillet 1971, "Superman" (paru en version studio l'année suivante sur le troisième album "Gypsy cowboy") et les reprises "Down in the boondocks" de Joe South et "The weight" du Band. Un bonus qui ne s'imposait pas et qui aurait dû plutôt agrémenter la réédition du live "Home home on the road", tant la version sur planches des New Riders - plus abrupte - vient déranger le raffinement des titres studio.