Kälin bla lemsnit dünfel labyanit

Nosfell

par Emmanuel Durocher le 25/02/2007

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Ta main, leurs dents
Path of green (memory of a crimson door under the


Dans le foisonnement de la nouvelle scène française, Labyala Fela Da Jawid Fel ("celui qui marche et qui guérit") Nosfell fait un peu figure d'ovni ; avec "Pomaïe klokochazia balek" sorti en 2004 et des tournées sans fin, cet ancien étudiant en langues orientales s'est taillé un petit succès aussi bien public que critique (dont certains comme moi sont complètement passés à coté) en créant un univers à part nommé Klokochazia et inventant de toutes pièces une langue, le klokobetz.

L'exploration de ce monde étrange continue avec "Kälin bla lemsnit dünfel labyanit" (qui signifie comme tout le monde l'aura deviné "le chien mord mais pas le renard" en koklobetz), cet album en trois parties narre l'arrivée d'un impressionnant chevalier du nom de Günel qui impose sa loi dans une région de Klokochazia et menace Nosfell, ce dernier après une période de doutes pourra rentrer chez lui, tout est bien qui finit bien également là-bas.

Préparé au Mexique et enregistré en Bretagne, le chanteur et le violoncelliste Pierre Lebourgeois ont composé à quatre mains ce second album et les treize titres en klokobetz, en anglais mais aussi en français ("Ta main, leurs dents" ; "Le long sac de pierres"), une petite nouveauté dans le monde de Klokochazia. Entre folk lunaire, blues tolkienien et pop spatiale, Nosfell offre un mélange musical baroque et épique à commencer par sa voix qui se module presque à l'infini, s'accommodant aussi bien d’enfance féminine que d’envolées lyriques à la Jeff Buckley ou M (pour l'aspect mélodique et le coté énervant en moins) avec parfois une touche pudique et mélancolique à la Nick Drake ou arrachage de gueule à la Arthur H. Il faut se laisser porter par des titres comme "Ta main, leurs dents" et son refrain entêtant, le planant ""Hope ripped the night" et son ambiance minimaliste, "Le long sac de pierres" et ses orchestrations symphoniques, le très surprenant "The gorgeous hand" qui semble directement sorti de la BO d'un film d'animation de Tim Burton ou encore "Path of green (memory of a crimson door under the waves)", superbe ballade acoustique qui clôt l'album et raconte la fin de ce film sonore qui ne laisse pas indifférent, que l'histoire ait plu ou non.