Low road

Okay

par Jérôme Florio le 11/01/2007

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Oh
Holy war
Now


Okay est un pseudo à l'humour assez noir. Le californien Marty Anderson, auteur de plusieurs disques sous divers noms (Dilute, Howard Hello, Jacques Kopstein…) pour de petits labels, n'a pas la vie facile : atteint d'une maladie qui le contraint à rester souvent sous intraveineuse, c'est dans un enfermement imposé qu'il a composé et enregistré les chansons de "Low road" en 2005. Entre inconfort et ligne claire, claviers lo-fi et guitare acoustique, c'est un disque singulier et attachant.

Marty Anderson ne va certes pas très bien dans son corps, mais ça ne va pas non plus tellement fort dans la nation américaine - on se demande presque quel mal est le prolongement de l'autre. Sur "Holy war" et "Roman" flotte le spectre d'une guerre à la fois intime et internationale. Les simples arpèges de guitare et l'harmonica de "Holy war", ou un accompagnement au clavier ("Bloody"), prouvent que Okay n'a pas besoin de recourir à la pyrotechnie pour installer une présence. Celle qu'impose Anderson n'est pas de tout repos : sa voix naturellement fébrile et éraillée, artificiellement salie, rappelle Daniel Johnston ou Vic Chesnutt – elle est de celles qui semblent servir de béquille à leur propriétaire. Elle peut gêner au premier abord, par contraste avec la musique aérée, parfois faussement guillerette. Avec leur bouquet de claviers, "Now" et "We" pourraient être des tubes à la Grandaddy, en plus franc du collier : Marty Anderson, avec des moyens limités, se révèle être un bricoleur très doué pour faire prendre de l'ampleur à ses chansons. "Replace" a des airs d'un standard de country (presque la mélodie de "I ain't goin' honky-tonkin' anymore" de Ted Daffan) revisité façon science-fiction de l'ère analogique.

Sur le mid-tempo tempo douloureux et poignant de "Oh", Marty Anderson chante "it hurts / to be stabbed / in the back / it hurts" : sous des airs pop, "Low road" est un champ de bataille. On attend avec intérêt le deuxième volet, "High road" (au printemps 2007), paru en même temps que "Low road" aux Etats-Unis.