Real seasons make reasons

Olivier Don Nino

par Olivier Santraine le 29/12/2001

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Bus 28
Falling trees
Few seconds a day


Ne pas se laisser abuser par le nom. Don Nino n'est pas un obscur crooner sicilien mais le pseudo de Nicolas Laureau pour sa première oeuvre solo. Activiste français indépendant, on l'a vu chez Prohibition et chez Prohibited Records ou en soutien de Purr (Lorichonberg de Purr fait d'ailleurs une apparition ici). Mais quand tous ceux-ci font plutôt de l'émo-core (quel mot !), à savoir du bruit, du son et de la mélancolie violente, celui-là (Don Nino) joue la carte intimiste, beaucoup plus calme. Deux influences majeures rôdent, Tortoise, pour la guitare expérimentale et les mélodies répétitives ("To the east", "Bus 28") et Smog pour la touche de folie secouant des titres trop raisonnables ("You & Polly, my family", "I'm the weathercock"). Mais là où ces deux groupes américains deviennent parfois ennuyeux, Don Nino évite la crevasse et rend l'ambiance très attachante, peut-être parce que rien n'est vraiment maîtrisé. "Real seasons make reasons" a en effet été enregistré dans les conditions du live, en studio ou aux Instants Chavirés, éminent club de Montreuil. On sent parfois la touche d'improvisation, le dérapage prévisible. Il faut évoquer "Falling trees", un titre magnifique, construit autour d'un piano grave et décervelé. Une voix chuchote péniblement sur des cuivres en folie, animaux en cage juste avant l'abattoir. Effrayant. Toujours dans le registre magnifique, "Case if", un titre presque pop, avec encore des cuivres - plus tranquilles ici -, où flotte une mélancolie très Talk Talk. Il est difficile de parler de post-rock, tant ce style suppose froideur et impersonnalité. Ici, on se prend des sentiments et des émotions, certes décrites de façon compliquée, mais qui touchent et bouleversent.