| | | par Alexandre Leroy le 26/06/2001
| Morceaux qui Tuent
A ton enterrement
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| L'amour est mort, c'est avec ce titre volontairement provocateur qu'Oxmo Puccino fait son retour. Alors que son premier album "Opéra Puccino" (1998), avait été précédé par de nombreuses apparitions sur mix-tapes et compilations ("Opération coup de poing", "L-432"), c'est à l'écart du microcosme du hip-hop français qu'Oxmo a préparé celui-ci. Et le résultat est à la hauteur du recul pris. "L'amour est mort" est un album vrai, sincère et touchant, où Oxmo démontre l'ampleur de ses qualités de lyriciste. Il s'éloigne des délires mafieux qui lui ont collé une réputation de 'black mafioso', pour ne s'attacher qu'à des situations réelles et poignantes, qui interpellent par la description crue qu'en fait le rappeur ("Demain peut-être"). La grande force d'Oxmo réside dans sa maîtrise des mots et des métaphores, dont l'album regorge, "J'ai mal au mic" ('Tu m'as planté dans le dos, y'avais pas d'sang'/'car c'est du son qui coule dans mes veines en B.P.M.'). Les textes brillent par cette poésie, notamment quand il s'agit des morceaux intimistes, laissant transparaître de l'émotion : le regard porté sur le comportement des jeunes est dénué d'optimisme ("Boule de neige 2001"), l'absence de regrets au sujet d'une idylle brisée est tout de même mâtinée de tristesse ("Souvenirs"). Seuls quelques ego-trips, amusants mais peu instructifs, permettent à Oxmo d'endosser à nouveau son armure d'homme indestructible, mais sans le costard trois pièces et pompes bicolores d'antan (renouvellement ! renouvellement !). La plupart de ces ego-trips accueillent quelques invités : Diesel et Dad PPDA de KDD pour "Balance la sauce", S-Kiv pour un "Antidiplomate" agressif et très barbare. Mais c'est en compagnie de Dany Dan des Sages Poètes De La Rue qu'on peut le mieux découvrir la façon dont Oxmo maîtrise les sujets graves, en les rendant poétiques ("A ton enterrement"). L'apparition du Célèbre Bauza est, elle aussi à remarquer, car les deux Mc rivalisent de technicité au niveau des flows, le tout mis en avant par une production minimaliste. L'ensemble des musiques, dues à Dj Sek, Dj Mars et Oxmo Puccino lui-même, s'inscrit dans la tonalité faussement désabusée de l'album, grâce à de nombreuses boucles piano-violon. "L'amour est mort" est un album homogène et témoigne de la maîtrise textuelle de celui qui a ses 'fenêtres ouvertes sur le monde entier', faisant ainsi de chaque nouvelle écoute une occasion d'aller plus loin encore dans l'univers de textes riches et parfaitement maniés.
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