La planète rock n' roll

Papillon

par Francois Branchon le 17/10/2002

Note: 4.0    

Triangle était aux débuts des années soixante-dix ce que Téléphone fut la décennie suivante, un groupe de "rock" pour ados, substituant à la musique anglaise un ersatz approximatif qui eut la chance de tomber au bon moment et au bon endroit pour se muer en succès (un pays qui vénère le navet Hallyday a les stars qu'il mérite). La comparaison reste valable pour les trajectoires ultérieures de leurs leaders respectifs, la "variété" de Papillon annonçant la confondante vacuité d'un Jean-Louis Aubert. Dans ces enregistrements de 1974, les mélodies sont légères, trop, et les textes, quand ils ne sont pas signés Etienne Roda-Gil (déjà riche et à la mode avec les succès de Julien Clerc) ou Boris Bergman (pas encore le fournisseur recherché des mots de Bashung), sont mauvais ("Le réveil de l'amie"). Un morceau dénote, joliment balancé et rythmé, mais c'est une reprise (de Lee Hazlewood s'il vous plait) ("Le rock plus l'électricité"). Un autre ("Left with my sorrow") rassemble Triangle au grand complet (François Jeanneau, Mimi Lorenzini, Pierrot Fanen, Jean-Pierre Prévotat), dans son style si particulier à la croisée de Jethro Tull et de Ange (non ne fuyez pas, enfin pas tout de suite) et en noisette de margarine sur la purée, on a même droit à une reprise de Bowie ("L'air que je chante"), avec des paroles à la Gérard Lenorman (et pourtant les arrangements de cordes sont de Jean-Claude Vannier)... Papillon annonce décidément bien - en moins pire cependant, car se prenant moins au sérieux - Jean-Louis Aubert, la vieille demi-rock star cheap, pondeuse de chansons insignifiantes prétendant se réclamer du rock. Au royaume des sourds...