| | | par Jérôme Florio le 31/03/2003
| | |
| Bricolo et Rigolo sont sur un bateau... Vous croyez connaître la suite de l'histoire, mais voilà, personne ne tombe à l'eau. Pascal Ayerbe se définit lui-même comme un "gribouilleur musical" : son disque est un peu brouillon, part de traviole, rien que pour le plaisir de s'en mettre plein les doigts. A l'arrière de la pochette, divers objets (casseroles, ciseaux, passoire...) sont alignés en rang d'oignon comme sur la ligne de départ d'une course imaginaire. Dès qu'ils sortent des starting-blocks, ça grince, ça couine, ça frotte, ça tape, ça pédale, ça dérape : une famille de lutins invisibles ("Les Tournenrond") met le boxon dans la maison du musicien et détournent tous les ustensiles. Ils sont emmenés par un professeur gnome qui piaille des ordres absurdes ("Mets tes gants sur ta tête"). Que voit-on passer sous nos yeux écarquillés ? Une râpe à fromage ! Une pompe à vélo ! Des canards en plastique qui couinent quand on appuie dessus ! Une moulinette s'arrête un instant pour nous dévisager d'un air interrogateur... et repart en cahotant à la surboum que donnent Chapi et Chapo - comme dans "Qui sait ?", la nouvelle de Maupassant, oô la maison du narrateur se vide de ses moindres objets, et les rejette telle une hémorragie devant laquelle il est impuissant, tout juste bon à se faire piétiner par son bureau et son piano qui traversent le jardin. Les bricolages sonores de Pascal Ayerbe font la part belle à un jeu très percussif : si on croise peu de batterie traditionnelle, il y a par contre toute la batterie de cuisine. Les titres varient de l'onomatopée musicale d'une poignée de secondes ("Yup", "Toctoc", "Oop") à la longue suite qui vire en funk Meccano ("Tchic ploum et Kiclou", neuf minutes). Grâce à Ayerbe, on connaît maintenant le son que fait une bulle de bande dessinée quand elle éclate et se dégonfle ("Hi hi"). Ses petites aventures sonores font fonctionner notre imagination (la mini-épopée de "P'tit vélo"). Elles évoquent un film dont on aurait enlevé la bande-son pour ne garder que les bruitages : un film de Jacques Tati, dont "Charlotte" rappelle les petites mélodies du bonheur charmantes et désuètes. Plus à l'aise dans la salle de bains, dans le grenier, ou dans un bac à sable fréquenté par Pascal Comelade et Pierre Bastien, "Les gribouillis" pourra difficilement faire office de disque de chevet. Alors quand et comment écouter ce disque ? Voyons ce qu'en pense Clémentine, 8 ans, à qui j'ai demandé de me donner son avis. Elle a dansé dessus, imaginé des paroles, en gros elle s'est bien amusée ! Ce serait tellement plus chouette si les gouttes d'eau tombaient dans l'évier sur l'air de "Plic ploc" ! Plombier du dimanche, Ayerbe assemble les sons du quotidien avec humour et légèreté. Il a notamment travaillé pour la radio : allez sur son site et jetez une oreille à l'extrait de "La femme fabriquée" (pour France Culture), petit moment de grâce ludique et mutin. (Un grand merci à Clémentine et à Nicole sa maman) |
|
|