Un bon snob nu 1 et 2

Pascale Labbé et Jean Morières

par Hugo Catherine le 02/03/2007

Note: 8.0    

"Un bon snob nu" n'est pas moins taré que son titre semble nous l'annoncer. Voix et flûtes zavrila s'assemblent dans un tressage de souffles et de cris et composent de petits portraits sonores non identifiables. De l'"art idiot", pour sûr, car Pascale Labbé et Jean Morières jouent les fous mieux que les fous, de l'art brut donc. Flûte mat puis aphone, vocalises présentes-absentes nous désarçonnent sans nous agresser car les courts morceaux présentés sont autant de douces ritournelles. Chantonnées du bout des lèvres, susurrées du bout du bec, les mélodies expriment une forme de décomposition sans heurts. L'esprit expérimentateur n'a de cesse de transparaître et demande une plongée prudente et patiente de notre part ; pourtant, nous entendons une voix parfois criante, jamais criarde, parfois gueulantes, jamais gueularde, une flûte toujours nuancée.

"Languir", ce que nous serions tenter de faire à la première écoute ; ou plutôt "Blêmir", car, dans un cri, ici, tout est dit. La palette vocale de Pascale Labbé est tout bonnement hallucinante : nous passons de l'animal apeuré à la poupée gonflable sexuée, de la solennité douloureuse à la douceur enfantine. Son râle est expulsé avec une retenue surprenante ou une énergie déboussolante. "L'art du râle", tout autant art que râle, nous coupe notamment le sifflet, Phil Minton pouvant aller se rhabiller !

"Un bon snob nu" est un album inoffensif et terrifiant : de quoi endormir vos enfants et vous maintenir éveillé à jamais. Sa confidentialité naturelle est à confier aux uluberlus et aux curieux. Si la maîtrise du duo est toujours impeccable, nos deux compères font tout pour passer pour de grands malades. A mon humble avis, il est pourtant tout sauf temps de les interner…