Run devil run

Paul McCartney

par Francois Branchon le 15/10/1999

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Run devil run


Sa dernière anthologie rock'n'rollienne remontait à 1989 avec "Russian album". "Run devil run" explore les morceaux peu connus des années cinquante, exception faite de "All shook up", "Party" et "I got stung", inévitables reprises de Presley. La liste : "Movie Magg", la toute première chanson mi-rock mi-country de Carl Perkins, "Brown eyed handsome man" de Chuck Berry, plus connue par la version de Buddy Holly et assaisonnée cette fois à la sauce cajun par McCartney, "No other baby" titre de 1958 des obscurs Vipers (groupe de skiffle anglais), "She said yeah" de Larry Williams, auteur trois fois riche grâce aux Beatles (qui reprirent "Bad boy", "Slow down" et "Dizzy miss Lizzy"), l'excellent "Blue jean bop" de Gene Vincent, "Coquette", titre obscur de Fats Domino, "Honey hush" de Big Joe Turner et "Shake a hand" de Little Richard. L'album a été enregistré aux studios Abbey Road en une semaine, dans les conditions du live, avec un groupe improbable composé des guitaristes Mick Green (ex-Pirates) et David Gilmour (Pink Floyd) et des batteurs Dave Mattacks (Fairport Convention) et Ian Paice (Deep Purple) ! Avec sa vieille basse Hohner ressortie pour l'occasion, Paul McCartney retrouve le son âpre des Beatles des débuts, lorsqu'ils reprenaient les gloires du rock'n'roll ("I got stung", "Honey hush", "Shake a hand"..). Mais il a voulu bien faire les choses et s'est fendu de trois morceaux composés spécialement pour l'occasion, que naturellement il qualifie lui-même de "très grands" (changera jamais ce Paulo !). A part le superbe "Run devil run", une ballade imparable que la guitare solo de David Gilmour survole avec élégance et gracilité, les deux autres n'ont aucun intérêt (pas plus le bluesy "Try not to cry" aux réminiscences Lennon dans les vocaux que "What it is" un blues dédié à Linda). Ce qui compte au bout du compte est la voix. Paul McCartney se régale visiblement de rechanter ainsi. Alors pourquoi un tel disque : compenser une inspiration tarie ? Faire un peu de fric ? Allez, va, pour le plaisir de retomber en adolescence en s'offrant son "Pin ups" (Bowie) ou son "Rock'n'roll" (John Lennon).