Goon show

Paul Waters

par Jérôme Florio le 19/11/2003

Note: 5.0    

Si l'on en juge par son visage poupin en couverture de "Goon show", son premier disque autoproduit, Paul Waters n'était certainement pas né quand la "british invasion" a déferlé sur l'Amérique. Presque quarante ans ont passé depuis que la pop anglo-saxonne a conquis la terre natale du rock'n roll, mais pour Waters, tout est vieux de ce matin à peine ("It only happened today"). Il a beau nous assurer que tout va bien ("I'm alright"), on s'inquiète sérieusement pour sa santé mentale : dans sa tête, il vit en 1965, se réfugiant de manière quasi-autiste dans un âge d'or fantasmé dont il refuse de s'échapper, pour ne pas avoir à grandir ("Peter Pan"). Paul Waters semble avoir appris la pop dans un seul manuel d'Histoire : les compilations bleue et rouge des Beatles - surtout la bleue, époque "A hard day's night", confusion temporelle accentuée par la production chétive et le son jingle-jangle si caractéristique de la Rickenbaker. Il livre parfois des pastiches incroyablement peu déguisés, avec quand même une certaine légèreté dans le geste et les choeurs ; à force d'en recopier les plans avec obstination, il s'est peut-être persuadé d'être l'auteur de "Working class hero" ("Little boy lost") et de toutes les chansons de la paire Lennon/Macca.

On se demande si il faut éveiller Paul Waters à 2003 en le collant de force devant la télé, ou s'il vaut mieux le laisser tranquille dans son monde : dans le doute, on choisira la seconde solution.

(Disque en écoute sur le site du label)