| | | par Sophie Chambon le 05/11/2009
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| Surpris d'une chronique particulièrement enthousiaste de Thierry Quenum dans Jazz Magazine, qui attisa notre curiosité, bienvenue, puisque nous ne connaissions pas Philippe Le Baraillec, et au rythme auquel il se produit, il y a peu de chance pour que nous l'entendions désormais dans nos parages. Nous n'étions pas au rendez vous cet été à Junas ni à La Seyne. Mauvais hasard puisqu'il nous est souvent arrivé de fréquenter ces deux festivals sudistes. Grâce à la perspicacité de Jean-Paul Ricard qui a toujours eu un septième sens pour dénicher les talents, le trio de Philippe Le Baraillec, Mauro Gargano et Ichiro Onoe est gravé dans la classieuse collection de l'Ajmiseries dont on aime les beaux objets disques, identifiables immédiatement aux pochettes fines, cartonnées, chics.
Il en est chez les artistes comme dans les familles, il y a des lignées de pianistes et l'on sent vite à laquelle Le Baraillec appartient. On n'est guère surpris de retrouver aussi une adresse à Bruno Angelini. Peut-être le trait d'union est-il d'ailleurs le contrebassiste italien Mauro Gargano. Les compositions sont toutes de Philippe Le Baraillec sauf "Nardis" que Bill Evans sut s'approprier. Le morceau est joué sobrement en un court solo : plus qu'une reprise refondue, un fredon, un tendre chuchotement. L'écriture claire du pianiste sait mettre en valeur les autres voix complices. Chaque thème est une histoire, avec un sens inné du rythme, une intériorité qui trouve sa voix, se fond en une alchimie qui repose sur un équilibre aussi vigoureux et solide que les roulements énergiques du batteur. Lyrique et tendu comme il se doit. Une entente cordiale, une fluidité réelle, un art du trio renouvelé de belle façon, un swing réel dans "The empty chair", enfin un hommage à Lilian Bencini "Song for Lilian" (Lilian, le batteur du groupe Laure Donnat Quintet Straight Ahead) qui évoque aussi pour les plus nostalgiques "Moon river".
Une imagination fertile liée à un sens de l'harmonie, une vraie capacité à swinguer sans relâche, enfin une souveraine aisance dans les climats les plus divers même si la tendance reste au vif, au jazz vif. C'est une musique qui contient du corps, qui fait sens. Du vécu, une certaine humanité, qui a su traverser des pans entiers d'histoire et de musique. A découvrir, vite. |
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