Extraordinary tales of a lemon girl - Chapter 2 Fire-walking in wonderland

Philippe Petit

par Hugo Catherine le 19/11/2013

Note: 7.0    

Chez Philippe Petit, il se passe beaucoup de choses ; des choses insignifiantes, qui, mises bout à bout, composent un signal sonore densément expérimental. Nous sommes comme enfermés dans une tuyauterie sonore bien bizarre, les parois résonnent de bruits métalliques, se succèdent des liquides et des solides non identifiables. "Movement 1" peut ainsi être assimilé à un dépotoir sonore. Dans une logique plutôt tout-à-l’égout, la piste voit d’abord s’amonceler des débris de sons, c’est étouffant. En avançant, des notes dissonantes et des bribes de repères rythmiques pourraient ouvrir la voie à une musique moins extrême. Que nenni, le noise reprend bien vite ses droits les plus élargis. Toutes les pistes font avant tout grandement honneur à un parti-pris bruitiste, total et assumé.

Dans de telles conditions, comment affirmer que "Fire-walking to wonderland" est agréable à l’oreille ? Ce qu’il faut plutôt guetter ici est une vision abstraite, une forme de beauté au-delà du réel. Philippe Petit propose un univers coupé du monde tel qu’il est, vers lequel il faut se laisser emporter malgré des contours sonores pour le moins repoussants. Il faut aussi apprécier l’homogénéité de la matière-son tout au long de notre parcours. Ainsi, "Movement 2" sonne comme un contrepoint dégonflé à l’énervement du premier mouvement. "Movement 4" reprend des figures tonales de "Movement", alimentant une sensation de claustrophobie peu rassurante.

Elan de radicalité, "Fire-walking to wonderland" ne sera pas un lieu de villégiature pour beaucoup d’entre nous. Les plus fous pourront pourtant y trouver et y retrouver de profondes résonnances. D’autres, moins fous, cherchant à comprendre tout autant qu’à entendre, devront certainement abandonner quelques degrés de rationalité pour y séjourner.