Here's to taking it easy

Phosphorescent

par Jérôme Florio le 02/07/2010

Note: 8.5    
Morceaux qui Tuent
Nothing was stolen (Love me foolishly)
I don't care if there's cursing
Los Angeles


"It's hard to be humble (when you're from Alabama)" pulse d'emblée une americana chromée à l'énergie et l'allant extrêmements communicatifs : Matthew Houck, pour son cinquième disque sous le nom de Phosphorescent, déballe une collection de chansons tellement évidentes que l'on oublierait presque qu'elles sont parfaitement jouées et arrangées.

Le son chaud, à la fois lumineux et brumeux ("We'll be here soon") fait corps avec la voix de Matthew. Piano, guitares (électriques, pedal steel) et cuivres conversent dans la plus grande simplicité, sans effort apparent : "I don't care if there's cursing" donne envie de chanter à tue-tête, avec son tempo enlevé et sa basse bondissante. Houck s'entoure de musiciens qui laissent monter la sauce tout doucement et savent s'arrêter à temps pour ne pas la gâter – avec en plus l'art de placer un petit gimmick de guitare acoustique exactement là où il le faut. "Nothing was stolen (Love me foolishly)" est un superbe titre soutenu par une rythmique d'abord effleurée, avant de monter irrémédiablement en puissance avec des arrangements luxuriants (mandolines etc...) et surtout grâce aux choeurs : les voix restent au centre, jamais noyées. "The mermaid parade" sonne comme The Band, avec ses guitares électriques à l'ancienne qui brodent sur les creux de la mélodie (pas grand-monde pour savoir faire ça aujourd'hui, à part Wilco ?). "Hej, me I'm light" est la chanson la plus en décalage, un "bonjour" en suédois comme un salut au soleil levant, qui psalmodie une unique phrase jusqu'à un effet de transe. "Heaven sittin' down"remet immédiatement les compteurs au beau fixe, selon une recette qui fonctionne à tous les coups - à condition de savoir doser ! Pour finir, le morceau de bravoure "Los Angeles" : tempo lent, guitares lourdes et chargées d'électricité comme un orage menaçant mais qui n'éclate jamais... un son qui évoque directement Neil Young & Crazy Horse (on pense à "Words" sur "Harvest", 1972, et au jeu de guitare de Nils Lofgren sur "Tonight's the night", 1973). Plus de huit minutes d'un son à tomber, dans lequel on adore se perdre... Une chevauchée sauvage au ralenti.



PHOSPHORESCENT I don't care if there's cursing (Audio)