Anatomy of a relationship

Pierre-Alain Goualch

par Sophie Chambon le 27/02/2005

Note: 9.0    

Inscrire à son répertoire des chansons françaises est devenu chose courante, cette initiative est fort louable sinon novatrice. Un exemple parmi tant d'autres ? "Chansons sous les bombes" du pianiste Guillaume de Chassy et du contrebassiste Daniel Yvinec. Justement Pierre Alain Goualch est un ami de ce dernier (rappelez vous, ils avaient tenté tous deux un retour réussi vers le futur "Recycling the future"). Mais cette fois, c'est un appel au passé, auquel il s'attache, avec des reprises instrumentales (ce que l'on préfère, avouons-le sans ambage) témoignant d'un intérêt véritable pour les grands de la chanson française. "Exploring the music of Serge Gainsbourg" lui avait déjà valu en 2003 d'être nominé aux Djangos d'or et autres Victoires de la musique. Plus encore, cet album consacra la rencontre avec André Cecarelli et Rémi Vignolo, paire d'as et rythmique exceptionnelle. Cette association devait porter ses fruits, puisque le trio récidive sur "Anatomy of a relationship". Car la relation dont il s'agit est celle, simple, presque banale, qui se tisse entre un homme et une femme.
Si la construction du disque est somme toute classique - des pièces musicales qui se combinent, des compositions entre lesquelles s'intercalent des fragments lus d'un discours amoureux - la rencontre de mélodies de Jacques Brel, Bourvil, Henri Salvador, Charles Trénet et Serge Gainsbourg est savoureuse, révélant sous une apparente simplicité, un authentique plaisir du cœur.
Les souvenirs s'associent aux idées neuves, le grave se glisse dans le plus léger : les reprises de Charles Trenet révèlent à quel point, le "fou chantant" pouvait cacher son jeu. Ainsi "Boom" ou "Y’a d’la joie" jouée sur un tempo plus lent rendent toute la mélancolie de celui qui osa rêver sa vie et vivre son rêve. Pierre Alain Goualch a compris et interprété au plus juste tous "ses" auteurs, au point de troubler l'auditeur attentif : pas la moindre rupture entre ses compositions et les mélodies "empruntées", un traitement soigné, nouveau mais jamais irrévérencieux (comment pourrait-il en être autrement quand on aime ?) auxquels s'intègrent les deux complices, accompagnateurs sincères. Pierre Alain Goualch joue avec un enthousiasme communicatif et nous promène sur la gamme des sentiments, de l'émoi à la connivence, de l'aveu à l'étreinte, de l'embrasement à la tendresse. Cet album s'écoute comme la bande-son d'une histoire en version originale, pratiquant l'autopsie en douceur d'une relation amoureuse qui, si elle doit finir un jour, n'en laisse pas moins une jouissance réelle, faite de dépendance et de partage.