Dance hall at Louse Point

PJ Harvey & John Parish

par Olivier Vancaemerbeke le 21/10/2002

Note: 9.0    

Il en va parfois des compositeurs comme des réalisateurs. Certains réalisateurs ne réalisent pas un film, mais le "nouveau Delon", le nouveau "Depardieu", le nouveau "De Funès", euh non pas le nouveau De Funès... John Parish ne vient donc pas de sortir "son" disque, mais le nouveau PJ Harvey. D'ailleurs il l'avait voulu comme cela, le rôle était écrit dès le départ pour la brune, alors maintenant qu'il ne vienne pas pleurer. Pour ceux qui ne lisent pas le Magazine des Professionnels de l'Ombre, rappelons que John Parish fut le découvreur de Polly. C'était en 1987. Il l'a intégrée à son groupe d'alors, avant que la jeune surdouée ne s'embarque dans une aventure plus personnelle. Aventure à laquelle Parish a participé en tant que co-producteur du sublime "To bring you my love", et aussi en accompagnant sa protégée en tournée aux percus et guitares.

Tout ça pour dire que l'univers de PJ est aussi beaucoup le sien. Du coup le petit futé avait sûrement une idée derrière la têtre en faisant écouter ses démos acoustiques à sa camarade de grande classe. Comme par hasard PJ avait la même idée : mettre ses mots sur ces sons, ça alors ! Ce "Dance hall at Louse Point" est donc un exercice à quatre mains très cohérent, loin des accouplements contre-nature auxquels nous ont habitué les labels. On y retrouve l'ensemble des éléments du décor intime de PJ Harvey. A savoir, du blues crasseux, des dissonances que plus personne n'ose ailleurs que dans le jazz avant-gardiste, des guitares rugueuses électrocutées par des bourreaux bourrins... Par rapport aux productions en solo de PJH la différence notable est qu'ici il n'y a aucune recherche de séduction de l'auditeur. C'est brut comme une vodka sans glaçon et sans concession. Difficile, dérangeant et magnifique.