| | | par Fabien Gabaig le 07/04/2014
| Morceaux qui Tuent Human drama Let's talk about gender baby Public love
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| En ces jours de conservatisme et de
régression totale, pourquoi ne pas en profiter pour rendre hommage à
l'un des disques les plus politiques de ce début d'année ? Janine
Rostron, aka Planningtorock, vient tout juste de sortir son troisième
album. "Have it all" (2006) interrogeait en partie la notion
d'identité. "W" (2011) était une évocation étrange de sa
sexualité. "All love's legal", quant à lui, est l'ABCD de
l'égalité livré en kit pour le dance floor. Que le disque adoptant
une vraie attitude punk ne soit pas un disque à guitares mais un
album de musique électronique à base de synth pop et de cordes
pincées, passe encore. Que l'album en question soit de l'électro
transgenre et inclassable en forme de tract révolutionnaire, c'est
quelque chose qui, en soi, est déjà original. Mais réaliser, de
surcroît, qu'il contient un tube potentiel monstrueux ("Public love") et qu'il s'amuse à le miner de l'intérieur pour en faire
un truc anti-commercial au possible, il va sans dire que cela est
tout à fait scandaleux. No fun.
Si l'on s'en tient au contenu
politique, "All love's legal" pourrait se résumer à quelques
slogans prônant l'amour libre et l'égalité des genres. Les titres
parlent d'eux-mêmes : "Misogyny drop dead", "Patriarchy over
& out". Mais contrairement aux apparences, Janine – qui se
fait dorénavant appeler Jam afin d'évacuer toute référence au
féminin ou au masculin – ne supervise pas un séminaire féministe
ou un nouveau colloque sur la théorie du genre, non, elle gère les
entrées et les sorties d'un labyrinthe électronique dans lequel la
musique elle-même joue au chat et à la souris avec le Minotaure.
Orbes phosphorescentes déclenchées en signe de bienvenue ("Welcome").
Expérimentations dans la lignée de Laurie Anderson ("Human drama"). Cold wave contrariée ("Answerland"). Groove calibré
ESG avec voix génétiquement modifiée ("Let's talk about gender baby"). Marche mélancolique un rien lugubre comme échappée d'un
album des Residents ("Steps"). Bombe électro à fragmentation
propulsée par une diva punk ("Public love"). Bien malin celui
qui parviendrait à déterminer précisément à quel registre
appartient cet album.
Janine Rostron manipule sa voix de
manière à ce que l'on ne puisse pas réellement savoir s'il s'agit
de celle d'un homme ou d'une femme. L'empreinte vocale est celle
d'une chimère numérique mystérieusement androgyne. Tout l'album
est conçu pour déjouer les normes, celles de la pop music et celles
de notre société. Bienvenue dans le labyrinthe !
PLANNINGTOROCK Human drama (clip officiel)
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