| | | par Filipe Francisco Carreira le 04/04/2002
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| Present est un collectif belge de sept musiciens rassemblés autour de Roger et Reginald Trigaux, respectivement père et fils, un peu comme les Cordier juge et flic. Leur album "High Infidelity" est divisé en trois parties, chacune fonctionnant comme une pièce en plusieurs actes : "Souls for sale", écrit par Roger Trigaux, réunit les six premiers titres tandis que "Strychnine for Christmas" et "Rêve de fer" se partagent les trois derniers.
Cette approche conceptuelle peine à cacher un sidérant vide artistique que le cinquième morceau de la première partie symbolise. Après une série d'instrumentaux où, sous couvert de créer une atmosphère vaguement angoissante, guitares, piano et trompettes se disputent la note la plus horrible du monde, des paroles assommantes de connerie débarquent, servies par une voix d'outre-tombe évoquant l'Incroyable Hulk sur le retour : "J'ai œuvré pour vous transformer et vous ne vous en êtes même pas rendu compte". Le danger se fait pressant ("la punition vient, elle est là inéluctable") avant de s'accorder un répit inattendu ("lentement, très lentement, elle arrive") : finalement, le temps que l'Abominable Homme des Neiges trouve l'interphone, on a peut-être le temps d'aller chercher les clopes et le journal. Comme pour mieux souligner la débilité des paroles qui n'a d'égale que leur incohérence, la scène se termine par le bruit d'un homme qu'on égorge, de sa chute accompagnée d'un beuglement informe : la fameuse punition ! Bref, que du glamour.
Un article trouvé sur Internet explique que l'album a été enregistré à Tel-Aviv et que le contexte politique y est certainement pour beaucoup ; faudrait-il voir dans ces "facéties" un message subversif ? A ce stade, il convient de s'interroger sur ce qui motive un tel projet. Cette musique ne caresse pas l'auditeur dans le sens du poil, c'est une évidence. Est-elle pour autant supérieure à la production de Britney Spears ? Le sens de la musique n'est-il pas de donner du plaisir, même tordu, même douloureux ? Les musiciens de Present iraient-ils jusqu'à s'enorgueillir des réactions épidermiques provoquées par un disque insupportable ? C'est fort possible et cela relève d'une démarche incompréhensible.
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