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Purr

par Olivier Santraine le 05/06/2001

Note: 7.0    

Purr, c'est ce groupe français que tout le monde a un peu oublié (ou ne connaît toujours pas). Pour résumer, trois garçons dont le premier album ("Whales lead to the deep sea") en 1997 date du premier Mogwai ou juste avant le "TNT" de Tortoise. Et comme ils pratiquent le rock électrique, on les a un peu vite catalogués post-rock. Pourtant, s'ils sont fans de Slint, c'est plus pour la tension et la colère sourde du groupe de Chicago que pour les expérimentations de ses suiveurs. Le premier disque était un pavé dans le marais musical français, une bonne douche froide. Et sur scène, le groupe distille une ambiance tendue, entre une guitare au bord des nerfs et une rythmique spasmophile. Donc, j'attendais beaucoup de leur deuxième disque. Une fois encore, le groupe prend des risques, il oublie un peu le son "Purr" et se dirige vers d'autres façons d'attaquer l'émotion et la musique. Façon grosse basse, gros son sur "Petit", façon pop sur "Fragments", ou encore avec des trompettes Prohibition (les compagnons d'écurie) sur beaucoup de titres. Autre différence importante, le chant, avec la moitié des titres en français. Et Purr sait éviter le syndrome rock français / Noir Désir / Saez pour chanter sur un ton surprenant, une écriture blanche, avec des paroles lisses ('on dirait que ça ne fait rien, qu'il y a des choses à faire, à dire et à montrer') qui distillent un sentiment d'absence, de mélancolie. Ce n'est jamais ridicule sauf peut être sur "Crash", le mouton noir de l'album. Sinon, on retrouve évidemment cette marque de fabrique Purr, la tension qui veille partout, des sons qui se froissent, des explosions qui tardent à venir et ne viennent pas. On finit l'écoute le coeur à vif, les nerfs battants, en proie à des sentiments confus, entre colère, tristesse et angoisse, sans trop savoir pourquoi.