Quatermass

Quatermass

par Francois Branchon le 28/01/2002

Note: 6.0    

Capitalisant le succès de Pink Floyd, le label Harvest se permettait de 1969 à 71 de produire quelques groupes dits 'expérimentaux', sans obligation de rentabilité. Ainsi fleurirent Greatest Show on Earth, Edgar Broughton, Roy Harper et... Quatermass, trio progressif puissant et compétent. Les trois musiciens, Johnny Gustafson (basse et chant), Pete Robinson (claviers) et Mick Underwood (batterie) venaient de la scène rhythm and blues anglaise, un terreau fertile qui donna les premiers Deep Purple (pas encore hard), Yes ou Genesis et avaient joué avec pas mal de monde (The Herd, Cilla Black, Chris Farlowe, James Royal...). Ce seul album, paru en 1970, ne marcha pas du tout et causa le split du groupe. Peut-être en raison d'un format de transition, trop bancal (ni chansons pop, ni expérimentation pure, ni hard). Une musique sans guitare (orgue omniprésent), élaborée, costaude, mais une impression de touche à tout, passant de rythmiques blues héritées du Spencer Davis Group et des Small Faces ("Black sheep of the family") à des expérimentations mal situées entre le jazz et les Nice ("Post war saturday echo"), toujours chapeautées par des vocaux puissants de chanteur hardeux. La plupart des groupes issus de ce terreau ont choisi leur voix, Deep Purple vers le hard, Genesis, Yes ou Gentle Giant vers la pop progressive (et ses vocaux soignés). Resté le cul entre plusieurs chaises, Quatermass s'est ramassé. Après l'échec, les trois végétèrent un temps, puis Underwood finit par intégrer le Ian Gillan Band, Gustafson aussi puis Roxy Music en 1976 et Robinson le groupe jazz rock Brand X de Phil Collins. Intéressant à écouter aujourd'hui, en se disant que l'histoire aurait pu tourner différemment, mais passablement emmerdant parfois. En revanche, la pochette est une des plus belles de l'histoire. Harvest qui avait les moyens l'a commandée à Hipgnosis (le graphiste attitré de Pink Floyd, Led Zeppelin et Ten CC, auteur de chefs d'oeuvres comme de daubes) : une perspective en noir et blanc de building en contre-plongée (annonçant Schuiten) entre lesquels volent des oiseaux préhistoriques. Sublime et inquiétante.