| | | par Chtif le 10/09/2004
| Morceaux qui Tuent Song for the dead First it giveth
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| Pour la troisième livraison des Queens of the Stone Age, Josh Homme enclenche la vitesse supérieure. C'est qu'il faut le suivre le gaillard... Déjà, à l'époque de Kyuss et Fu Man Chu, dont il était le guitariste, il ne semblait pas vraiment fouler la même planète que la nôtre : en inventant un stoner rock abyssal, bien trop embrumé pour être au net, le garçon avait bien trois ans de défonce d'avance sur toute la concurrence.
Depuis, Josh Homme multiplie les projets et les collaborations, avec ses propres méthodes : enfermer ses potes dans un cabanon planté au milieu du désert par exemple, et laisser la chaleur suffocante et les volutes de fumée faire leur travail de sape. Le fruit de leurs divagations est compilé sur une bonne dizaine de volumes de "Desert sessions". Même PJ Harvey y est passé.
Les deux premiers albums des Queens of the Stone Age, eux, ne sont pas passés inaperçus. Il faut dire qu'une chanson comme "Feel good hit of the summer", qui déclamait avec arrogance "Nicotine, Valium, Vicodine, marijuana, ecstasy and alcohol !" a tout pour devenir le tube de l'été pour peu qu'on ait l'humour finaud ou l'humeur bédot.
"Songs for the deaf" recrée les mêmes sensations que son prédécesseur en se grimant cette fois en western acidulé pour desperado défoncé ("Another love song", d'ailleurs recyclée en France en musique de pub pro-capote). Le disque regorge de pop songs remontées à bloc et lancées sur locomotives psychédéliques ("First it giveth", "Go with the flow"). Le chant de Josh Homme, d'une douceur absolue, se pose sur des rythmiques en métal chromé et teinte les morceaux d'une désinvolture classieuse, presque tubesque, ou bien au contraire d'une couleur syncopée et malsaine : "The sky is falling" plonge l'auditeur en plein bad trip, les sens malaxés par l'alternance d'angoisse répétitive et de regain de vitalité libérateur.
Mais le chanteur à gueule d'Elvis va plus loin encore, et réserve une surprise de taille. Aux côtés de ses acolytes habituels Nick Oliveri, à la basse et à la barbichette, et Mark Lanegan, ancien chanteur des Screaming Trees, c'est Dave Grohl que l'on retrouve au martelage de fûts. Le chanteur-guitariste des Foo Fighters reprend ainsi du service à la batterie pour la première fois depuis la fin tragique de Nirvana. Dès la première écoute, on comprend pourquoi ce type est devenu une légende vivante. Il irradie et transcende littéralement des titres comme "A song for the deaf", au shuffle trippant au possible, ou "No one knows", le premier single.
Des sommets vertigineux sont atteints au cours de l'épique "Song for the dead" : une course effrénée contre la mort, où de rutilantes carrosseries crissent et s'entrechoquent le long d'une highway sèche et isolée du Nevada, qui finira stoppée net en un ultime choc.
Tout ici invite au voyage, d'ailleurs de petites séquences façon "jingle radio" entre les morceaux font de ce disque une musique idéale pour road trip imaginaire qu'on aimerait voir conduit par un Tarantino ou un Terry Gilliam.
Cette édition spéciale contient un DVD de cinq titres live : "Monster in the parasol", "The lost art of keeping a secret", "Quick and to the pointless" et "Ode to Clarissa" de de "Rated r", le précédent album ainsi que le single "No one knows". Le public est bien timide mais Dave Grohl, tatoué et baraqué, joue sur trois morceaux, et l'alchimie fonctionne à merveille. |
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