Ratatat

Ratatat

par Vincent Glad le 25/07/2004

Note: 8.0    

La pochette de l'album nous a menti. On nous promettait des rock stars, des guitares assassines et des grosses enceintes. Bref, de la testostérone. L'imposture est totale : les guitares sont filtrées, le son est électro et la mélancolie est omniprésente. Car Ratatat, entité formée par 2 jeunes new-yorkais, ce n'est pas franchement le modèle de la testostérone et son manichéisme sous-jacent. On est plutôt dans le compromis. Entre électro et rock. Entre répétition et résignation.

Le très efficace “Seventeen years” ouvre l'album. Un son un peu à la Daft Punk. Fausse euphorie. Rapidement, les guitares reprennent le dessus plongeant l'auditeur dans une douce apathie. Et puis, mélodie après mélodie, l'album s'enfonce dans une lente complainte binaire, tout juste interrompue par quelques martèlements électroniques. On est loin, au final, des rockers de la pochette. Les poseurs sont aux abonnés absents tout au long d'une performance que l'on sent profondément sincère.

Point de paroles. Tout juste de brèves invectives ici ou là. Le texte a été jugé superflu. On se contentera donc de titres de chansons plutôt énigmatiques. La plage 5 annonce : “Everest”. Rien que ça. Pourtant, de toute évidence, la montagne est un mur que les deux compères new-yorkais se refusent par modestie à franchir. Leur musique ne fait pas de vagues inutiles et reste sagement blottie dans son confort minimaliste. Cette musique a la chaleur de sa défaite.

Le son est résolument hors du temps. Figé dans des lendemains qui chantent, puis déchantent. Dans des rêveries tendres et sincères. Pas étonnant dès lors, que sur la grande toile, Ratatat soit quelque peu à contre-courant, un peu arrivé en retard. Le site "ratatat.com" est déjà pris. Par des gens, dont, à vrai dire, on ne comprend pas bien les motivations. Un couple du Milwaukee qui exhibe à peu de frais des photos de famille un rien surannées. Rien de bien extraordinaire. Ni de comparable avec leurs compatriotes américains de musiciens. Chez ces derniers, les photos n'ont pas besoin d'être légendées. La musique se suffit à elle-même. Et on adhère.