Cheer up !

Reel Big Fish

par Fer Fre le 30/09/2002

Note: 2.0    

Le cas Reel Big Fish soulève un sacré nombre de questions, dont la première, que s'est obligatoirement posée la maison de disques ayant soutenu financièrement l'œuvre étudiée, vise à établir pour quelle CSP est destiné pareil opus. Car, soyons clair, Reel Big Fish est bien trop ambivalent pour intéresser un public particulier des genres qu'il fusionne, principalement ska, rock, voire, en étendant vraiment les frontières, punk tendance festive. Ne posant ses pieds dans aucunes de ces chaussures, les enfilant juste pour échafauder quelques pas de danse, Reel Big Fish poursuit son ombre, dispensant au passage pas mal de bruit pour un résultat (très) décevant. Car Reel Big Fish, combo californien ayant tutoyé les charts à quelques reprises depuis 1997, n'est plus, à ce stade de sa carrière, qu'une machine à mouliner des brouillons de hits, la majorité du temps gâchés par ce qui peut être qualifié de concessions, à moins que cela ne soit en raison de leur structure même. Ni franchement sautillant, pas du tout saturé, agressif par nostalgie de ses jeunes années, le groupe peine sur ce disque peu inspiré du début à la fin, mais aussi cliniquement propre qu'un dégommage de fistule par un robot syndiqué. Et si, pour répondre à notre question d'ouverture, cette déficience d'esprit aventurier était justement la raison du soutien de la maison de disques, espérant bien se payer sur la bête en retour ? En se remémorant le succès d'un No Doubt, référence à peine camouflée par nos Reel Big Fish, cette éventualité est sérieusement à prendre en compte, tant nos amis produisent une musique typiquement taillée pour la radio grand public. Drôles et accessibles à souhait (franchement, même The Knack - les cracks qui en 1980 balançaient ce fameux "My Sharonna" - est plus violent dans l'âme), ils alignent dix-huit (!) tentatives de décrochages de timbale, dévoilant clairement leur but en se lâchant carrément sur une reprise de "New York New York" à capella rigolo, genre générique télé de série pour trentenaires avec rires préenregistrés pour ceux qui n'auraient pas suivi. Il est toujours difficile d'assassiner une production, mais si le croisement ska-guitares trouve vos faveurs, tapez chez les japonais de Kemuri qui, dans le genre, possèdent des chansons réellement terribles, mais dans le bon sens du terme. Bref, un disque en devenir, direct chez les soldeurs ou meilleur vendeur en puissance.