Tales from the emerald sword saga

Rhapsody

par Sylvain Zanoni le 24/05/2004

Note: 9.0    

Les Italiens de Rhapsody font du heavy speed metal (sous produit du rock totalement dépassé) d'inspiration Heroïc-Fantasy (style littéraire mineur pour ados boutonneux), le comble du cliché ! Un genre d’appréciation néanmoins valable dans une première approche : des titres comme "Power of the dragonflame", "March of the swordmaster" ou "Village of dwarves" offrent une belle tranche de gimmicks hyper-éculés. Mais une fois la démarche comprise - justement prendre un cliché et le porter à un autre niveau d'accomplissement - il reste un groupe d'une qualité tout simplement inédite et d'une grande crédibilité.

"Tales from the emerald sword saga" propose de revivre les temps forts de leurs cinq premiers albums. Les morceaux sont très bien choisis, permettant à ceux qui les découvriront de se faire une bonne idée d'ensemble du groupe et du concept qu'il a crée. Au départ, "Rhapsody" est un roman écrit par le guitariste Luca Turilli (inutile de s'attarder sur les qualités littéraires). Une ambiance très inspirée des "Terres du milieu" de Tolkien, accompagnée d'un soupçon de noirceur à la Moorcock, et chaque chanson inscrite bien entendu dans le déroulement chronologique de la saga.

Musicalement, ce groupe balaye sur son passage tout ce qui a pu être fait par les Christian Jacq du metal actuel (Blind Guardian, Hammerfall, Symphony X...), se hissant au niveau des pionniers : Manowar (dont "March of the swordmaster" semble très inspiré), Iron Maiden, Saxon, les tout premiers à aborder d'autres thèmes que les filles et la bière... Le son est puissant et d'une grandiloquence digne de chants grégoriens, l'instrumentation est parfaite, d'une qualité que ne renierait pas un orchestre symphonique, et que dire du chant de Fabio Lione : il survole avec lyrisme ce maelström inclassable où les mélodies s'entrechoquent, se croisent, où des riffs de guitare acérés répondent aux violes de gambe ! Les mélodies sont sans exception imparables, incroyablement prenantes, épiques, fédératrices et, au sens noble du terme, romantiques à l'occasion de splendides ballades ("Wings of destiny" ou "Lamento eroico"), ou quand la force des sentiments mêlée à l'exubérance de la musique, atteint des cimes wagnériennes... Rhapsody sait aussi se montrer extrêmement agressif, rapide, sans concession, parfois pompeux mais jamais pompier, un peu à l'image d'une glace italienne, bourrative, dégoulinante, mais diablement goûteuse.

Dépositaire auto-proclamé du "Hollywood-metal" (ils ont l’intention de produire des musiques de film), Rhapsody partage, dérange, mais passionne avant tout, même si les mauvaises langues diront qu’il ne se renouvelle jamais. En tout cas pour à peine vingt euros, on a un coffret d'une finition excellente, un digipack à l'artwork complexe, cinq cartes postales, un poster et en bonus sur le Cd, le clip vidéo de "Holy thunderforce". Au moins, de ce côté-là, on ne se fout pas de notre gueule.