My boy / Slides

Richard Harris

par Damien Berdot le 09/04/2009

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Ballad of a man called horse
Slides

spiraleAcheter


On sait que Richard Harris fut un acteur formidable. Il marqua de sa classe irlandaise plusieurs films historiques, des "Révoltés du Bounty" et des "Canons de Navarone" jusqu'à "Gladiator", sans oublier le film maudit de Sam Peckinpah, "Major Dundee", dans lequel il incarnait un Sudiste vaincu mais riche de son sens de l'honneur. Il vint aussi jouer le play-boy désabusé dans le monde de la chanson - et c'est sans doute moins connu des jeunes générations. Ses premiers pas de chanteur attirèrent l'attention du déjà célèbre Jimmy Webb, qui produisit et écrivit tous les morceaux de son second album, "A tramp shining" (1968). Immense succès, dû en partie à l'épique single "MacArthur Park". La maturité en tant que chanteur, Richard Harris l'acquit sans doute avec ses albums médians, dont "My boy" (1971) et "Slides" (1972) que les Australiens de Raven Records, décidément en verve, ont eu l'idée de ressortir, couplés dans un bel ensemble et agrémentés de quatre bonus tracks.

Le premier, "My boy", est un objet intriguant. Harris y raconte littéralement sa vie : rencontre de sa femme Beth, naissance de leur fils, séparation, déchirement. Inévitablement, telle sincérité pourra déranger, d'autant plus qu'il y a, dans les paroles comme dans le chant, une dramatisation ("you are my life, my boy, my pride"). Quand Harris laisse se prolonger ses tremolos de baryton, on pense parfois à Scott Walker... Mais l'écueil principal, presque rédhibitoire pour des oreilles désaccoutumées à la luxuriance des années 70, c'est l'orchestration : cordes à l'unisson, plaquages de cuivres, basse mouvante... Un peu trop pour nous ! C'est bien dommage car Harris (qu'on a envie d'aimer) est capable de davantage de sécheresse, comme le montre le bonus track "Ballad of a man called horse", coupé de plans de guitare lumineux et où Harris anticipe presque le Gene Clark déglingué de "No other". Ayant servi à la B.O. du film du même nom, cette magnifique ballade nous paraît in fine supérieure aux chansons de l'album les plus cotées, parmi lesquelles figurent la chanson-titre (écrite par Jimmy Webb ; reprise plus tard par Presley) et "Ballad to an unborn child".

"Slides", moins chargé, moins ambitieux, en est peut-être plus touchant. Album hédoniste, sur un professeur qui perd son job pour conserver son style de vie (plutôt libre). Tous les titres sauf un sont de la plume de Tony Romeo : "Gin buddy", avec ses arpèges de guitare, "Roy" avec son Rhodes... Quand le piano résonne, c'est dans le style "honky tonk" ("Blue Canadian rocky dream") ; et les sonorités de l'orchestre sont colorées par l'harmonica (la bien nommée "Best way to see America"). Le plat de résistance : la chanson-titre, étirée, s'ouvrant sur une partie de clavecin aux accents wilsoniens, avant qu'un chant parlé, infiniment nostalgique, ne se déploie par-dessus l'orchestre. Cette fois c'est digeste - il nous semble !