Robots in Disguise

Robots in Disguise

par Rodrigue Ducourant le 11/03/2002

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Boys
Diy
Cycle song


Un jour, il faudra écrire l'Histoire de la musique au féminin, expliquer comment la malice, le courage, l'humour, le culot et le panache décomplexé de certaines ont défriché des terrains sonores que les mecs avaient jusque là ignoré par bêtise, étroitesse d'esprit ou coouardise. Bien fait pour eux ! Et dans cet hypothétique livre, on espère bien lire le chapitre sur Robots in Disguise, deux filles de vingt-cinq ans capables de concevoir un redoutable piège sonore dont on n'est pas prêt de se dépêtrer, quand d'autres préfèrent nous vendre à grands coups de propagande 'Goebells-ienne' de vieilles biques sous perfusion de 'hype djeuns' frelatée. Pro-choice par excellence, les Robots in Disguise sont sexy et drôles, parlent de cul sans faux-semblants ni excès (le dé-Breedé "Bed scenes"), mouillent leur transistor sur l'objet/sujet de leur bug ("Boys", un hit électro inépuisable) sans renoncer un seul moment à la malice et au second degré. "In disguise", ces androïdes grandies au Buzzcoks se payent la tête de toutes les gondoles, et dans la malle musicale des trente dernières années, usent des postiches sonores pour (faire) rire et séduire. A l'écoute de "50 minutes" certains reconsidéreront peut-être leur pile de disques 4AD recouverts de poussière. Bien sûr, les voix font penser à Lush (autre histoire de filles, mal finie malheureusement...), mais pas de conclusion hâtive, vous risquerez de croire que le chevalier d'Eon est un homme. Ainsi donc, Sue Denim et Dee Plume réouvrent le collège de Pataphysique, là où d'autres robots faussement punk (Daft?) nous la jouaient Pic de la Mirandole des années 80 avec le chiantissime "Discovery". Ces filles là ne copient pas froidement, ne piquent pas les idées des autres, car (c'est plus fort qu'elles) il faut rire, et leur esprit altère toute référence ancienne en quelque chose de frais. Ainsi sur "Cycle song", c'est un peu Martha and the Muffins qui aurait piqué le "Gloss" de Robert Smith pour s'incruster chez les New Order en rigolant un flingue à la main. Divine qui ferait des pointes classiques sur "Blue monday" (vous vous demandez ce que j'ai fumé... mais pas possible de l'expliquer autrement !). Soyons clairs : dans l'univers totalitaire de l'industrie des loisirs, deux filles de vingt-cinq ans (bis !) signées sur un label riquiqui, font le coup du Cheval de Troie avec le car de Priscilla (oui, la folle du désert), trompent les vigipirates du 'bon goût' en affichant le rose pétant sur leur pochette et dans leurs mélodies, et multiplient performances singulières sur scène. La dernière claque du genre, c'était Peaches qui l'avait assénée. Les mecs peuvent arrêter la musique. Un disque INDISPENSABLE !