In the flesh - Live

Roger Waters

par Francois Branchon le 29/05/2002

Note: 5.0    

Roger Waters : animal tourmenté, psycho-rigide, autrefois épine dorsale d'un groupe anglais révolutionnaire qui fit découvrir à une génération entière la notion d'altitude en musique et boosta tellement les ventes de papier à rouler qu'il pourrait réclamer une rente à vie à Riz la Croix. Mais l'histoire a mal tourné, un sinistre relent vénal, des querelles au tribunal pour l'utilisation du nom, une vie recluse (à la Syd Barrett), dont la frustration n'avait d'égale que le statut de Dieu vivant à assumer, ponctuée d'albums solos (trois). Roger Waters est ressorti récemment à l'air libre, a monté un groupe et entamé une tournée (elle passe par Paris cet été, billets à 100 Euros). Waters s'y produit avec une douzaine de musiciens, dans une production à grand spectacle, le début du show passé seul dans le noir, arpentant de long en large une estrade en fond de scène sous la seule lumière d'une poursuite, silhouette découpée sur rond de lumière blanche façon 'music-hall' années trente, dont on se demande s'il souligne la mégalomanie de Waters ou son désir de se prouver qu'il existe... Il passe en revue toute sa carrière, remontant au Pink Floyd de l'immédiat post-Barrett (album "A saucerful of secrets") avec la reprise de "Set the controls for the heart of the sun" jusqu'à de nouveaux titres ("Each small candle"). Les musiciens sont excellents, fabuleux techniciens, quatre guitaristes, Doyle Bramhall II irrésistible en rythmique (les petits riffs de "Another brick in the wall"), Andy Fairweather Low, dans une première vie chanteur en 1968 du groupes à tubes Amen Corner, recyclé virtuose de la Gibson (une Les Paul vintage Gold de collectionneur), Snowy White et John Carin, trois choristes, un claviers (Andy Wallace) et la rythmique, le batteur Graham Broad et Waters tenant sa basse habituelle. Hormis le fait qu'il est un peu étrange d'entendre un type de bientôt soixante ans supplier sa mère de l'aider à bâtir un mur, il se dégage un plus grand et légitime malaise à la vision de ce 'show' : c'est qu'il s'agit précisément d'un 'show', où tout est réglé au millimètre, calculé et écrit, et si les musiciens jouent merveilleusement (les guitaristes sont en plus très bien filmés), ils tournent dans le vide le plus total, au service de rien, pour rien sinon faire du beau, sans aucune émotion ni aucun frisson. La reprise de "Set the controls..." est à ce titre éloquente : elle fait illusion le temps de l'intro, une petite minute - le toit va s'ouvrir ? la basse de Waters saisie de sa lévitation d'antan ? - mais non, l'arrangement est 'modernisé', un rythme nouveau greffé et tout retombe, factice. Le Pink Floyd de Waters et Gilmour, celui du merveilleux "Ummagumma" s'entend, est bel et bien mort. (30 minutes de bonus en coulisses, biographies, photos, paroles des chansons). Dolby digital et Surround PCM.