Road movie

Russ Tolman

par Laure Delsaux le 16/12/2004

Note: 9.0    

Comme bon nombre de ses amis Russ Tolman fait partis de ces "cowboys" solitaires passés à la trappe de la presse rock indépendante en France, à l'exception de quelques fanzines éclairés. Pas assez branché disait-on à l'époque. Le label français New Rose (aujourd'hui Last Call), berceau d'accueil des "songwriters" oubliés l'avait signé pour deux excellents albums dont celui-ci, mais dans les années quatre vingt dix on parlait surtout de Calvin Russel (également sur New Rose), guitariste texan nettement plus médiatique avec son visage buriné et son passé de taulard.

Pourtant la carrière de Russ Tolman, ancien leader de True West (groupe à guitares lignée Television), mérite qu'on s'y arrête. Son style "roots" folk rock country singulier dans le paysage musical de l'époque évoque aujourd'hui, dans une production plus rock, Neal Casal et Ryan Adams. Comme l'indique son titre "Road movie" (quatrième album de Russ Tolman) est d'abord une virée dans l'Amérique des motels et des errances sentimentales. Il raconte des histoires douces amères d'espoirs déçus, de petits échecs de la vie et du sentiment de culpabilité. La plupart des morceaux sont des rocks sans concession taillés dans la roche ("The devil and the sea", "Blame it on the girl"). Mais avec la douceur californienne qui le caractérise, Russ Tolman réalise aussi un album lumineux ponctué de ballades folk rock country ("God only knows", "Bob's house of failure" à la Gene Clark et Gram Parsons) et prouve, en Clint Eastwood du rock, qu'on peut faire un rock classique attaché aux racines sans pour autant être archaïque.