Lovers rock

Sade

par Christian Tranchier le 28/02/2001

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
By your side
Every word


Peu de monde attendait le retour de Sade après huit ans d'absence. Très Greta Garbo de la musique, elle effectue, au diapason de sa personnalité discrète et mystérieuse, un come-back sur la pointe des pieds. Entre son classique "Smooth operator", seul morceau identifiable auprès du grand public, et ce "Lovers rock", quinze ans ce sont écoulées, dont près de onze passées loin des studios et du tapage médiatique. Atypique Sade. Avec ce nouveau disque, elle abandonne les accents jazzy de "Promise" (1985) pour privilégier des ambiances néo-soul transfigurées par de la guitare acoustique, de la harpe et des rythmes agréablement indolents, souvent slow-tempo reggae. Autant de plages de quiétude voluptueuse, d'atmosphères feutrées et intimistes, de moments de plénitude et de douce mélancolie. Les nouvelles compositions planantes de la chanteuse et de son groupe s'inscrivent dans le prolongement naturel de son oeuvre. Immuable Sade. Simplicité et limpidité des mélodies, aucune frivolité ou dispersion superflue à déplorer. Un dépouillement, une nudité belle à pleurer. Ces chansons, au charme indéfinissable, s'affirment sans lassitude au fil des écoutes sans jamais lasser. Ensorceleuse Sade. De sa voix éternellement suave, sensuelle et profonde de chaleur, elle évoque les vicissitudes de l'amour : trompé, déçu, sacrificiel. Néanmoins, ce thème bateau et convenu est troublé par la présence de "Immigrant", chanson sur la condition des noirs et leur oppression économique et raciale : "He didn't know what it was to be black/Til they gave him his change/But didn't want to touch his hand". Pas aussi superficielle que ça, Sade. Une petite froissure sur une image de papier glacé si vilipendée. En réalité, une feinte, qui préserve une sensibilité à fleur de peau.