Alpinisms

School of Seven Bells

par Jérôme Florio le 20/03/2009

Note: 6.5    

Cette "School Of Seven Bells" dont le groupe New-Yorkais tire son nom serait une obscure et légendaire école de pickpockets sud-américaine : le rapt est ici un kaléidoscope de toutes les références "qui vont bien" du moment - comme une fusée dont on attendrait la fenêtre de lancement idéale. Et bien qu'elle aie une assez nette conscience de ses avantages, elle ne décolle pas tout à fait.

Les chevilles ouvrières du groupe sont les soeurs jumelles Alejandra et Claudia Deheza, qui chantent tout à deux voix, dans une entente parfaite. Voilà pour l'ambiance un peu étrange, à la Cronenberg. L'homme à tout faire Benjamin Curtis construit par-dessus ses arrangements, de l'enrobage très bien fait mais qui n'apporte aucun supplément d'âme - on serait plus curieux entendre le disque a cappella.
"Alpinisms" relifte efficacement le son shoegaze de My Bloody Valentine, le krautrock allemand, l'électropop, les seventies (la couverture de "Alpinisms" rappelle celle de "Innervisions" de Stevie Wonder, invitation au voyage intérieur...), et surtout une pop tribale néo-hippie (celle de Bat For Lashes par exemple, qui lorgne vers l'Inde - voir le long mantra de "Sempiternal Amaranth") avec un soupçon de look gothique. Les emprunts à la bande à Kevin Shields sont flagrants sur "Face to face on high places" ou "My cabal", à la différence que les voix remplacent ici les brouillards de guitares.

Sur la longueur, c'est le même schéma qui se répète : le groupe tente d'abord de varier les durées ("Sempiternal Amaranth"), puis utilise ensuite des sonorités gadget (le vocoder sur "Chain") ou force sur l'électronique ("Prince of peace"). On a cru entrevoir le sommet de la montagne, mais c'était un mirage.

Ci-dessous le clip de "Half asleep", qui rejoue l'état de mélancolie jet-laguée un peu chic du film "Lost in translation" de Sofia Coppola.



SCHOOL OF SEVEN BELLS, Half Asleep (Clip 2009)